35:544 taisent, ils ne scavent pourquoy: mais tant y a qu'ils sont tousiours en angoisse. Et nous voyons un exemple notable de toutes ces choses au bon Roy Ezechias. Il est vray que Dieu ne nous amenera pas tous egalement a un tel examen: car s'il nous exerce, ce sera selon nostre debilite: il regarde que nous ne serions pas suffisans pour endurer de tels heurts et assaux, il nous espargne donc: mais quand il luy plaira de nous esprouver en telle sorte (comme nous lisons yci l'exemple du Roy Ezechias) si faut-il que nous soyons desia munis de ceste doctrine. Voyla donc en somme ce que nous avons a retenir. Et au reste que nous apprenions que c'est de toute la constance des hommes. Ils pourront bien monstrer quelque signe de vertu, voire quand Dieu ne desployera sa force contr'eux: mais si tost qu'il nous appellera a conte, il faut que tout ce que nous cuidons avoir de vigueur en nous s'escoule et s'esvanouisse. C'est ce que nous avons a prattiquer pour nostre instruction a une vraye humilite: car nous scavons que les hommes demeurent tousiours en leur presomption et se conflent en eux-mesmes. Et qui est cause de cela, sinon qu'un chacun regarde a. son compaignon? Et voyla comme nous cuidons estre bien habiles: mais il nous faloit eslever nos sens a Dieu, car nous trouverons la que si tost qu'il s'adressera a nous, nous ne serons plus rien. Cognoissons donc que c'est pour nous abysmer en une seule minute, si tost que Dieu nous fera sentir son ire: cognoissons aussi que iusques a ce que nous soyons despouillez de toute confiance de nous-mesmes, nous ne pourrons estre rangez a droite humilite. Car cependant que les hommes ont quelque opinion d'eux-mesmes, et qu'ils cuident pouvoir ceci ou cela, ii est certain qu'ils desrobbent a Dieu ce qui luy appartient. Et puis, quand ils s'eslevent ainsi sans fondement aucun, c'est po.ur leur rompre le col. C'est donc ce que nous avons a retenir, ascavoir que tout le cuider des hommes, quand ils se conflent en leurs propres vertus, n'est qu'un songe, d'autant qu'ils ne regardent point a Dieu, et qu'ils ne s'arrestent point la, afin d'estre despouillez de toute vaine outrecuidance. Et au reste, quand nous oyons yci parler d'un tel gazouillement, et qu'Ezechias confesse qu'il n'a peu exprimer un mot, mais qu'il barbottoit, ne scachant quasi ce qu'il devoit dire, cognoissons que quand nostre Seigneur nous pressera en telle sorte que nous ne pourrons pas former une requeste, ou avoir une oraison bien reglee, la porte toutes fois ne nous sera point fermee que nous ne venions a luy. Ce que ie di, pource que ceste tentation-ci est dangereuse. Ii est vray que si nous n'appercevons en nous un zele de prier Dieu, et puis une disposition pour