35:540 benediction: il faut donc maintenant que ie m'attribue le tout. Or combien qu'il soit yci parle d'un seul homme, tant y a que nous avons une bonne admonition de la brievete de nostre vie. Vray est que c'est une chose assez cognue, mais nous y pensons tresmal: car apres avoir confesse que ce n'est qu'un ombrage que la vie presente, nous y sommes tant enveloppez, que chacun ne pense sinon comment ii se pourvoira iusques a cent ans. Brief, il semble que nous ne devions iamais partir d'yci, tant nous sommes occupez en ce qui appartient au monde. D'autant plus donc nous faut-il reduire en memoire ce que l'Escriture nous monstre de la fragilite de nostre vie: comme S. Paul aussi dit que maintenant nous sommes logez sous une cahuette. Le corps de l'homme n'est pas une maison qui merite d'estre appelee ne bastiment ni edifice: car il n'y a rien que caduque. Ainsi donc gemissons, attendans que nous soyons pleinement restaurez: et ne soyons pas tellement retenus en ce monde que tousiours nous ne marchions en avant. Car les incredules, quoy qu'il en soit, viendront a leur fin: mais cependant ils n'approchent nullement de Dieu, plustost ils sont arrestez en ce monde, et au lieu de marcher ils se plongont tousiours plus profond. Apprenons donc de marcher, c'est a dire d'estre tellement disposez a suyvre quand Dieu nous appelle, que iamais la mort ne viene devant son temps. Quant a ce qu'Ezechias dit qu'il a este cause de sou mal, pratiquons aussi bien ceste doctrine, toutes fois et quantes qu'il plaira a Dieu de nous affliger. Nous voyons que nous sommes addonnez a murmures: et encore que nous soyons conveincus de nos fautes, nous ne laissons pas de nous fascher, comme si Dieu passoit mesure. Ainsi pour confesser avec une vraye humilite que Dieu nous punit iustement en toutes les afflictions qu'il nous envoye, que nous parlions a la facon d'Ezechias: Ce suis-ie qui ay cause tout ce mal-ci. Il est vray que tantost il attribue cela a Dieu, mais les deux s'accordent tresbien, c'est assavoir que l'homme soit autheur de toutes les miseres qu'il endure, et que cependant Dieu besogne comme Iuge. Car quand un malfaiteur sera puni, il ne faut point qu'il se plaigne de son iuge: mais d'autant qu'il veoit que luy-mesme a offense contre les loix, il se condamne. Et puis il cognoist que Dieu aussi par l'authorite de iustice l'ameine a iuste chastiment. Ainsi nous en faut-il faire, c'est assavoir qu'en premier nous cognoissons que si Dieu nons afflige, ce n'est pas qu'il prene plaisir a nous tormenter, mais qu'il faut qu'il nous paye selon que nous l'avons desservi, combien qu'encores il n'ait point du tout esgard a nos offenses: car que seroit-ce? nous serions cent mille fois abismez, s'il vouloit user de rigueur en-