3:54
nient
Dieu:
non
pas
pour
luy
ravir
son
essence,
mais
d'autant
qu'en
le
despouillant
d'office
de
iuge
et
gouverneur,
ils
l'enferment
au
ciel
comme
oisif.
Car
puis
qu'il
n'y
a
rien
moins
convenable
à
Dieu,
que
de
quitter
le
regime
du
monde
pour
laisser
tout
aller
à
l’aventure,
et
faire
du
borgne
pour
laisser
tous
pechez
impunis,
et
donner
occasion
aux
malins
de
se
desborder,
il
appert
que,
tous
ceux
qui
se
pardonnent
et
flattent,
et
en
repoussant
tout
souci
de
venir
à
conte,
s'anonchalissent,
nient
qu'il
y
ait
un
Dieu;
et
c'est
une
iuste
vengeance
du
ciel
que
les
coeurs
des
meschans
soyent
ainsi
engressez,
afin
qu'ayant
fermé
les
yeux,
en
voyant
ils
ne
voyent
goutte.
David
mesme
est
tresbon
expositeur
de
son
intention,
en
ce
passage
où
il
dit
que
la
crainte
de
Dieu
n'est
point
devant
les
yeux
des
malins
(Ps.
36,
2;
Ps.
10,
11):
Item,
qu'ils
s'applaudissent
en
leur
forfait,
d'autant
qu'ils
se
persuadent
que
Dieu
n'y
prend
point
garde.
Combien
donques
qu'ils
soyent
contrains
de
cognoistre
quelque
Dieu,
toutesfois
ils
anneantissent
sa
gloire
en
lui
ostant
sa
puissance.
Car
comme
Dieu
ne
se
pout
renier
soymesme
(2
Tim.
2,
13),
ainsi
que
dit
S.
Paul,
pource
qu'il
demeure
tousiours
semblable
à
soy,
ainsi
ces
canailles1)
se
forgeant
une
idole
morte
et
sans
vertu,
sont
iustement
accusez
de
renier
Dieu.
Davantage
il
est
à
noter,
combien
qu'ils
combatent
contre
leur
propre
sens,
et
desirent
non
seulement
de
chasser
Dieu
de
là,
mais
aussi
l'abolir
au
ciel:
toutesfois
que
la
stupidité
en
laquelle
ils
se
plongent
ne
gagne
iamais
iusques
là,
que
Dieu
quelque
fois
ne
les
ramene
par
force
à
son
siege
iudicial.
Toutesfois
pource
qu'ils
ne
sont
point
retenus
de
nulle
crainte
qu'ils
ne
se
ruent
avec
toute
impetuosité
contre
Dieu,
cependant
qu'ils
sont
ainsi
transportez
d'une
violence
tant
aveugle,
il
est
certain
qu'ils
ont
oublié
Dieu,
et
que
telle
brutalité
regne
en
eux.
3.2)
Par
ce
moyen
la
defense
frivole
que
plusieurs
pretendent
pour
couvrir
leurs
superstitions
est
abatue.
Car
il
leur
semble,
quand
on
s'adonne
[1551
s.
§.8.]
Et
en
cest
endroict
on
peche
principalement
en
deux
sortes.
La
premiere
est
que
les
povres
hommes
pour
chercher
la
verité
de
Dieu,
n'outrepassent
point
leur
nature,
comme
il
estoit
convenable,
mais
mesurent
sa
grandeur
selon
la
rudesse
de
leurs
sens
et
ne
le
comprenent
point
tel
qu'il
se
donne
à
congnoistre:
mais
l’imaginent
comme
Ilz
l’ont
forgé
par
leur
outrecuydance.
En
ce
faisant,
ilz
ouvrent
un
goufre,
lequel
ouvert,
il
est
necessaire,
de
quelque
costé
qu'ilz
se
tournent,
qu'ilz
tresbuchent
tousiours
en
damnation.
Car
quelque
chose
qu'ils
s'efforcent
à
faire
puis
apres
pour
servir
à
Dieu,
ils
ne
luy
peuvent
mettre
en
compte
d'autant
qu'ils
ne
l'honorent
point:
mais
en
son
lieu
l'imagination
de
leur
coeur.
Par
ainsi
la
vaine
couverture,
que
beaucoup
ont
accoustumé
de
pretendre,
pour
excuser
leur
superstition,
est
abatue.
[fn]
1)
Le
texte
latin
n'a
que:
isti.
2)
Ce
§.
correspond
à
Ch.
I.
§.
8
des
édd.
précédentes.
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