7:53 53 BRIEVE INSTRUCTION POUR ARMER TOUS BONS FIDELES CONTRE LES ERREURS DE LA SECTE COMMUNE DES ANABAPTISTES. [page 9] D'escrire contre toutes les faulses opinions et erreurs des Anabaptistes, ce seroit une matiere trop longue: et <|uasi un abysme, dont ie ne pourrois sortir. Car ceste vermine differe en cela d'avec toutes les autres sectes d'heretiques: qu'elle n'a pas erre seulement en certains poinctz, mais a engendre comme une mer de folles resveries. Tellement qu'a grand' peine sauroit-on trouver une teste d'Anabaptiste, laquelle n'ait quelque phantasie a part. Ainsi de vouloir esplucher, ou mesme raconter toutes les mechantes doctrines qui ont este en ceste secte, ce ne seroit iamais faict. Mais en la fin, tout est revenu en deux sectes principalles: dont l'une, combien qu'elle soit pleine de beaucoup d'erreurs mauvais et pernicieux: toutesfois elle se contient en plus grande simplicite. Car pour le moins, elle recoit l'Escriture saincte, comme nous. [page io] Si on vient a traicter avec les sectateurs d'icelle, on sait en quoy on differe d'avec eux: ilz donnent a entendre leur conception: et en la fin on sait en quoy on est demeure d'accord, et quelle controversie il y reste. La seconde est un labyrinthe non pareil de resveries tant absurdes, que c'est merveille, comment creatures qui portent figure humaine, peuvent estre tant deprouveues de sens et de raison, que de se laisser ainsi decevoir, iusqu'a tomber en des phantasies plus que brutalles. Ceste secte se nomme des Libertins. Et contrefont tant les spirituelz, qu'ilz ne tiennent conte de la saincte parolle de Dieu, non plus que de fables, sinon quand bon leur semble, et quand ilz la peuvent depraver, pour la faire servir par force a leurs opinions diaboliques. D'avantage, ilz ont un gergon, comme gueux de Thostiere,1) qu'on ne sait 1) habent praeterea peculiare quoddam genus sermonis (eorum more quos gallice Gueos hostiariae vocamus). D'apres Littre le mot francais gueux vient de coquus, mais a fini par signifier: mendiants, notamment dans la phrase de notre texte qui parle de mendiants allant de porte en porte (ostium).