4:53 53 LIVRE III. CHAPITRE ll. 54 sacrifice de Naaman approuve: 1) ce que l'un ne l'autre n'ont peu obtenir que par foy. Il y a semblable raison a l'Eunuque auquel Philippe fut adresse: car estant homme de pays lointain, iamais n'eust entrepris un voyage si penible et de si grand coust pour adorer en Ierusalem,2) s'il n'eust eu quelque foy en son coeur (Act. 8, 27. 31). ISfous voyons neantmoins comme estant interrogue par Phiiippe touchant le Mediateur, il confesse son ignorance. Or ie confesse bien que leur foy a este enveloppee en partie, non seulement quant a la personne de Iesus Christ, mais aussi quant a sa vertu, et l'office qui luy a este enioint de Dieu son Pere. Cependant c'est chose certaine qu'ils ont este embus de quelques principes, lesquels leur donnoyent quelque petit goust de Iesus Christ. Ce qui ne doit estre trouve nouveau. Car l'Eunuque ne fust iamais venu d'un pais si lointain pour adorer un Dieu incognu en Ierusalem. Et Corneille s'estant addonne a la religion des Iuifs, n'eust pas la vescu3) sans s'accoustumer aux rudimens de la pure doctrine de la Loy.4) Quant est de Naaman, il ne seroit pas convenable qu'Elisee luy ordonnant ce qu'il avoit a faire en choses petites et legeres, eust oublie le principal. Combien donc que la cognoissance de Iesus Christ ait este obscure entre eux, il n'y a nul propos de la faire du tout nulle: mesme d'autant qu'ils s'excrcoyent aux sacrifices de la Loy, lesquels devoyent estre discernez d'avec les ceremonies des Payens par leur fin, c'est a dire par Iesus Christ. 33. 5) Or ceste simple6) declaration que nous avons en la parolle de Dieu, devoit bien suffire a engendrer la foy en nous, n'estoit que nostre aveuglement et obstination y donnast empeschement. Mais comme nostre esprit est enclin a vanite, il ne peut iamais adherer a la verite de Dieu: et comme il est hebete il ne peut voir la lumiere d'iceluy. Pourtant la Parolle nue ne profite de rien sans illumination du sainct Esprit. Dont il appert que la foy est par dessus toute intelligence humaine. Et encore ne suffit-il point que l'entendement soit illumine par l'Esprit de Dieu, sinon que le coeur soit conferme7) par sa vertu. En laquelle chose les theologiens Sorboniques8) faillent trop lourdement, qui pensent que la foy soit un simple consentement a la parolle de Dieu, lequel consiste en intelligence, laissans derriere la fiance et certitude 1) Le latin ajoute: Prophetae response 2) en Ierusalem, ne se trouve pas dans le latin. 3) Le latin ajoute: tantum temporis. 4) de la Loy, manque dans le latin. 5) 1541 p. 202; 1545 p. 230; 1551 s. Ch. V. §. 25. 6) Le latin ajoute: externaque. 7) Le latin ajoute: ac fulciatur. 8) les theologiens Sorboniques, le latin porte simplement: Scholastici.