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IOB
CHAP.
XXXIII.
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Vrai
est
que
si
Dieu
parloit
a
nous
du
ciel,
cela
seroit
pour
nous
esmouvoir
tant
plus,
et
par
consequent
la
doctrine
seroit
plus
d'authorite:
mais
cependant
nous
serions
comme
esperdus,
et
ainsi
nous
n'aurions
pas
nostre
esprit
a
delivre
pour
penser
a
ce
qu'il
diroit.
Mais
quand
un
homme
parle,
nous
pouvons
mieux
a
nostre
aise
gouster
et
digerer
ce
qui
est
dit.
Voila
donc
en
quoi
Dieu
nous
supporte.
De
fait
nous
voyons
que
le
peuple
d'Israel,
quand
la
Loi
deust
estre
publiee,
disoit,
Que
le
Seigneur
ne
parle
point
a.
nous:
car
nous
sommes
perdus
s'il
faut
que
nous
l'oyons.
Et
pourquoi?
Depuis
que
Dieu
eust
commence
a
monstrer
sa
maieste,
voila
un
espouvantement
tel
qui
saisit
leurs
coeurs,
que
ces
povres
gens
ne
savent
que
devenir:
tellement
qu'ils
concluent
que
Dieu
les
abysmera
en
parlant.
Quand
Moyse
vient,
encores
faut-ii
qu'il
mette
un
voile
devant
ses
yeux,
pource
que
Dieu
lui
avoit
donne
une
marque
de
la
gloire,
et
que
les
Iuifs
ne
le
peuvent
porter.
Ainsi
donc
nous
voyons
quand
Dieu
nous
suscite
des
hommes
par
lesquels
nous
soyons
enseignez,
qu'en
cela
il
a
esgard
a.
nostre
foiblesse:
et
qu'il
ne
desploye
point
sa
vertu
envers
nous,
afin
que
nous
n'en
soyons
par
trop
abbatus,
mais
que
nous
ayons
nostre
esprit
a
delivre
pour
estre
edifiez
en
la
doctrine,
et
qu'elle
nous
soit
plus
familiere,
et
que
nous
ayons
tant
plus
grand
loisir
d'y
bien
penser,
et
appliquer
nostre
estude.
Or
par
cela
nous
sommes
admonnestez
de
ne
point
mespriser
la
parole
de
Dieu,
quand
un
homme
parlera
a
nous:
car
ce
seroit
une
ingratitude
trop
vilaine,
Que
Dieu
se
face
comme
petit,
et
qu'il
se
demette
de
sa
grandeur,
afin
de
s'accommoder
a
nostre
portee:
et
que
nous
prenions
occasion
de
cela
de
ne
tenir
contre
de
ce
qui
nous
est
dit.
Et
pourtant
combien
que
ce
thresor
de
salut,
c'est
a
dire
la
parole
de
Dieu
nous
soit
proposee
en
des
vaisseaux
fragiles,
c'est
a
dire
par
des
hommes
mortels,
qui
n'ont
en
eux
sinon
toute
infirmite:
si
est-ce
qu'il
nous
le
faut
tousiours
priser
comme
il
le
merite,
cognoissans
que
les
hommes
ne
parlent
point
en
leur
nom,
mais
que
c'est
Dieu
qui
nous
les
envoye,
et
qui
veut
estre
escoute
en
leur
bouche.
Venons
maintenant
aux
reproches
que
fait
ici
Eliu
a
Iob.
Si
est-ce
que
tu
as
dit
(moi
oyant)
et
i'ai
ouy
ceste
voix
de
tes
propos,
Que
tu
es
iuste,
que
tu
es
sans
peche,
et
que
tu
vies
point
coulpable
d'aucune
iniquite.
En
cela
donc
tu
ne
te
pourras
point
iustifier,
c'est
a
dire,
tu
ne
pourras
maintenir
ta
querelle
que
tu
n'ayes
mal
fait.
Et
qu'ainsi
soit,
Comment
respondras4u
a
Dieu,
veu
quHl
est
plus
grand
que
toi?
Tu
l'accuses
de
ce
qu'il
a
prins
occasion
de
t'affliger,
et
qu'il
a
mis
tes
pieds
aux
ceps,
tellement
que
tu
n'as
plus
liberte
de
maintenir
ta
cause.
Or
ne
cuides
point
eschapper
par
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