35:527 527 PBEMIER SERMON 528 dit pas qu'il ait eu une foy si ferme qu'il ne luy ait rien couste d'estre chastie de la main de Dieu. Rien de tout cela. Quoy donc? Nous voyons un povre homme tormente iusques au bout, et tellement abbatu qu'il ne scait que devenir. Nous voyons un homme espouvante de Pire de Dieu, et qui ne regarde sinon son affliction. Quand donc Ezechias se descouvre, et qu'il ne fait nulle difficulte de confesser ses vices, en cela nous appercevons qu'il n'a point este mene d'ambition, ne d'une gloire mondaine pour estre prise des hommes ou pour acquerir reputation: mais qu'il a voulu quasi estre accable de honte, afin que Dieu fust glorifie. Quelle est donc son intention? C'est d'un coste que nous cognoissions comme il a este afflige cependant qu'il estimoit que Dieu luy fust contraire: et puis, qu'en cela on cognoisse tant mieux quelle a este la bonte de Dieu, quand il l'a receu a merci et qu'il na pas voulu l'abandonner au besoin. Nous avons donc a contempler yci, comme en un miroir, nos infirmitez, afin qu'un chacun s'appreste quand sa foy sera esprouvee comme celle d'Ezechias, et que Dieu nous donnera quelque signe de son ire: que si alors nous sommes comme esperdus, nous ne laissons pas pourtant d'esperer que Dieu nous donnera issue en nos angoisses comme il a fait a ce bon Roy. Et puis que nous apprenions d'attribuer toute la louange de nostre salut a la misericorde de Dieu, cognoissans que si tost que nous en serons destituez, c'est fait de nous, et sommes plus que miserables. Or cependant nous voyons comment et pourquoy le Roy Ezechias a este ainsi tormente: c'est d'autant qu'il voyoit la mort luy estre prochaine. Il semble bien de prime face que cela ne convienne point a un homme fidele. Il est vray que de nature la mort nous sera espouvantable a tous: car il n'y a celuy qui n'appette d'estre (comme on dit) et il semble qu'en la mort nous perissions, et soyons comme aneantis. Voyla donc comme de nature nous la fuirons et l'aurons en horreur. Et voyla pourquoy aussi sainct Paul dit au 5. chapitre de sa seconde aux Corinthiens, v. 4, que nous n'appettons point d'estre despouillez de ce corps: car il est impossible que l'homme desire de changer son estat: ie di quant a ceste vie. Et aussi ceux qui se desfont n'ont point d'affection naturelle, mais le diable les transporte tellement qu'ils sont du tout aveuglez: et faut reputer ceux-la comme des monstres, la ou tout l'ordre de nature est change. Brief, il est certain que la mort nous sera tousiours terrible: et non seulement pource que nous sommes enclins a desirer de vivre, mais aussi d'autant que Dieu a laisse quelque marque, en sorte que les Payens mesmes et incredules sont contrains de sentir que la mort est une malediction de Dieu,