7:523 523 CONTRE L'ASTROLOGIE 524 laisser son disner pour monter bien tost a cheval, afin d'avoir bon heur en son embassade: et s'il fust party deux heures plus tard, ayant disne a son aise, et qu'il fust arrive au soir au mesme logis, en quoy cela Feust-il avance ou recule? Qui estce qui ne void que le principal est de cognoistre la situation des astres quand ce vient a faire la depesche? Ie dy quand il seroit question d'y adiouster foy. Mais il est facile de voir que le tout n'est qu'abuz. I'ay ouy parler de quelques phantastiques qui sont en estat, lesquelz n'osent monter sur leurs mulles devant qu'avoir prins conge aux astres. Ie [page 22] prendz le cas que ce fust un Conseillier d'une court souveraine. Il y a une heure establie pour s'assembler: en voyla une vingtaine qui sont tous suietz a une mesme reigle, leurs astres cependant seront diffe rentz: la loy les appelle tous ensemble; que sera-il de faire? Si on se gouverne par Astrologie, tant s'en faut que iamais proces fust vuyde, que trois iuges ne se pourroyent trouver ensemble pour ouyr un jjlaidoyer. Il faudra donc ou qu'on remue les astres pour ]es faire autrement accorder, ou que toute police *) soit abbatue. Or, nous savons que Dieu approuve cest ordre, qu'il y ait heures certaines pour tenir la iustice, pour ouyr sa parolle, recevoir ses Sacrementz, sans regarder la position du ciel. Si en s'amusant aux Estoilles on delaisse l'ordre de Dieu et que chascun se retire a, part sans s'accommoder a la communaute du genre humain, Dieu ne serail point contraire a soymesme? Ou sera ceste sagesse infinie par laquelle il a ordonne si bien toutes choses comme par compas, si on ne luy peut obeir en un endroit qu'on ne contrevienne a l'ordre qu'il a mis en nature? Ce seroit a telles manieres de gentz qu'on pourroit appliquer la risee qu'ouyt un ancien Philosophe de sa chambriere, lequel estant trop ententif [page 23] aux Estoilles, et n'ayant point loisir de regarder a ses piedz, fit un faux pas et tomba dedans une fosse. Alors elle luy dit, qu'il n'est rien si bon que de penser a ce qui nous est le plus prochain. Ie ne voudroye point tourner ceste moquerie contre les vraiz Astrologues, desquelz on ne peut trop louer le labeur qu'ilz ont pris a nous faire cognoistre les secretz du ciel, entant qu'il estoit bon pour glorifier Dieu et nous en servir a nostre usage. Mais quant a≫ ces folz speculatio2) qui se promenent par dessus significationem expiscaretur, si quando videlicet prosperam illius legationi fortunam portenderent. Ipse interea prandium imperat Discumbit. Nec mora. Ecce tibi ex transverso astrologus: extemplo iubet nominem, si bonis auspiciis legationem obire cuperet, propere in equum ascendere caett. 1) politia reique publicae gerendae ratio. 2) Istos vero speculatores venatoresque non naturae, ut ille dixit, sed inanium somniorum.