7:521 521 IUDICIAIRE. 522 est de l'inclination premiere de nature: exceptant ce que Dieu donne de special aux uns et aux autres, *) sans s'aider des moyens ordinaires, et sur tout la reformation qu'il fait en ses eleuz, les renouvellant par son Esprit. Mais cette astrologie bastarde2) ne se contentant point d'avoir dispose de la complexion des moeurs et des hommes, estend sa iudicature plus avant: qui est en devinant ce qui leur doit advenir toute leur vie, et quand et [page 18] comment ilz doyvent mourir. En quoy il n'y a que pure temerite, et pas un seul grain de raison. Car tout au plus les astres pourront imprimer quelques qualitez aux personnes, et non pas faire que cecy ou cela leur advienne puis apres d'ailleurs. Et par ainsi, encores qu'un Genethliaque puisse iuger un homme estre industrieux et vigilant pour aquerir des biens, si ne peut-il deviner qu'il luy escherra quelque succession, pource que cela gist en la volonte ou condition d'autres que de luy. Voyla pourquoy il a ete dit de long temps8) que ces Mathematiciens masquez estoyent bons pour vuider les bources et remplir les aureilles, d'autant qu'en disant la bonne fortune, ilz paissent de vent les curieux et tirent d'eux tout ce que ilz veulent apres qu'une fois ilz les ont ensorcelez. Ilz diront donc a un homme combien il aura de femmes. Ouy, mais trouvent ilz en son astre la nativite de sa premiere femme, pour savoir combien elle vivra? Par ce moyen les femmes n'auroyent plus de nativite propre, pource qu'elles seroient subiettes au regard de la nativite des hommes. En somme, par cela l'horoscope de chacun homme particulier eomprendroit le iugement de toute la disposition d'un pais, veu qu'ilz se vantent de povoir [page 19] iuger si un homme sera heureux en mariage: s'il aura bonne ou mauvaise rencontre par les champs : 4) en quelz dangers il pourra tomber: s'il sera occis ou s'il mourra de maladie. Regardons maintenant avec combien de gens nous traffiquons en vivant. Si les Mathematiciens n'ont leurs volontez et leurs fortunes en la manche, qu'est-ce qu'ilz nous en peuvent promettre? Parquoy ce que i'ay dit est vray, qu'ilz ne sauroyent iuger d'un homme comme ilz en font profession, que sa nativite ne leur fust un miroir pour contempler tous ceux avec lesquelz il conversera. Qu'on iuge par raison si cela se peut faire, et s'il y a quelque verisimilitude. Ie concludz donc que tous ceux qui entreprennent de cognoistre les evenemens d'un homme par 1) singulari favore. 2) adulterina et fallax. 3) Aulus Gellius. 4) peregrinaturus.