3:52 CHAPITRE IIII.1) Que ceste cognoissance est ou estouffée ou corrompue, partie par la sottise des hommes, partie par leur malice. 1. Or comme l'experience monstre qu'il y a une semence de religion plantée en tous par inspiration secrete de Dieu, aussi d'autre part en trouvera-on à grand'peine de cent l'un qui la nourrisse en son coeur, pour la bien faire germer: mais on n'en trouvera pas un seul auquel elle meurisse, tant s'en faut que le fruit en revienne en la saison. Car soit que les uns s'esvanouissent en leurs folles superstitions, soit que les autres malicieusement et de propos deliberé se destournent de Dieu, tant y a que tous s'esgarent de la vraye cognoissance d'iceluy: dont il advient qu'il n'y demeure nulle pieté bien reiglée au monde. Ce que i'ay dit qu'aucuns declinent et tombent en superstitions par erreur, ne doit pas estre entendu comme si leur simplicité les iustifioit de crime, veu que l'aveuglement duquel ils sont occupez, est quasi tousiours enveloppé en presomption orgueilleuse, et en outrecuidance. La vanité, voire coniointe avec orgueil, est assez conveincue en ce que nul pour chercher Dieu ne s'esleve pardessus soy comme il est requis:2) mais [1541 p. 6; 1551 s. Ch. I. §. 7.] Nous avons desià touché que la congnoissance de Dieu doibt avoir en nous ceste efficace, de planter en noz coeurs quelque semence de religion. Premierement pour nous instruire à une crainte et reverence de Dieu: en aprez pour nous aprendre que c'est en luy qu'il fault chercher tout bien, et à luy auquel en est deue la recognoissance. Car comment quelque pensée de Dieu peut elle entrer en ton entendement qu'incontinent tu ne repute, puis que tu es sa facture: que par le droict de creation que tu es subiect et submis à sa domination? que ta vie doibt estre adonnée à son service, que tout ce que tu propose? que tu ditz et faitz, se doibt à luy raporter? S'il est ainsi, il s'ensuit bien que la vie est mauvaisement corrompue sinon qu'elle soit reiglée à l’obeyssance de sa saincte volunté. D'autre part tu ne peuz pas clairement le comprendre, sinon que tu recongnoisse qu'il est la fonteine et source de tout bien. De laquelle consideration se produiroit un desir d'estre conioinct avec luy et une fiance de sa bonté, n'estoit que l'entendement humain par sa perversité est retiré de la droicte inquisition. Mais en l’un et en l'autre endroit appa [fn] 1) Le Ch. IV. correspond à Ch. I. §. 7—9 des édd. précédentes. Mais une partie de l’ancien texte a été laissée de côté et les §§. 1 et 2 de 1560 sont presque entierement nouveaux. 2) Cette phrase et celles qui suivent iusqu’à: songes et resveries, sont les seules de tout le §. qui se trouvent déjà dans les édd. antérieures, au commencement du §. 8 du Ch. 1.