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EPISTRE
AU
LECTEUR.1)
Pour
ce
qu'il
y
a
plusieurs
sainctz
personnaiges
en
toutes
nations,
vrais
amateurs
de
la
verite
de
Dieu,,
et
desirans
l'advancement
de
son
Rovaulme,
qui
attendent
de
iour
en
iour
quand
il
plaira
au
Seigneur
de
remettre
son
Eglise
en
bon
ordre:
et
sont
comme
aux
escoutes
incontinent
qu'ilz
entendent
qu'il
y
a
quelque
ouverture
faicte,
pour
reduire
l'Eglise
en
meilleur
estat:
pourtant
aussi
qu'il
y
a
beaucoup
d'infirmes
par
le
monde,
qui
ne
se
osent
pas
resouldre
quel
chemin
ilz
doibvent
suyvre,
iusque
a
ce
qu'il
y
ait
une
reformation
faicte
par
l'auctorite
commune
de
ceux
ausquelz
Dieu
a
donne
la
puissance
et
le
gouvernement
de
la
Chrestiente:
i'ay
pense
que
ce
seroit
un
labeur
bon
et
profitable
a
tous
Chrestiens,
de
mettre
en
ordre
la
somme
de
ce
qui
a
este
n'agueres
traicte
entre
tous
les
estatz
de
l'empire
a
la
iournee
de
Regespourg,
qu'on
nomme
aultrement
Ratispone
touchant
des
differens
de
la
Religion
[fol.
3]
affin
que
les
premiers
ayent
matiere
de
se
consoler
et
resiouir
en
nostre
Seigneur,
voyant
que
la
verite
de
l'Evangile,
comment
qu'elle
ayt
este
assaillie
du
diable,
n'a
pas
este
oppressee
ne
vaincue,
mais
plustost
advancee:
et
que
les
secondz
par
la
procedure
qui
a
la
este,
recongnoissent
que
c'est
temps
perdu
de
s'attendre
aux
hommes,
comme
il
leur
apparoistra
facilement:
et
ainsi
recoivent
la
lumiere
de
Dieu
quand
elle
leur
est
offerte,
sans
regarder
ca
ne
la
de
quel
coste
le
vent
souffle.
Ceux
qui
mettent
tous
les
empeschemens
qu'il
est
possible,
a
ce
que
la
verite
ne
vienne
en
avant,
craingnans
que
leurs
cautelles
et
practiques
obliques
ne
se
descouvrent,
vouldroient
bien
que
de
tout
ce
qui
se
faict
il
n'en
fust
iamais
nouvelles
puis
apres,
les
saiges
aussi
de
ce
monde
ne
trouvent
pas
bon
que
ces
matieres
soient
publiees
iusques
au
simple
populaire,
pour
ce
qu'il
leur
semble
qu'il
n'y
a
iugement
ne
raison
pour
discerner,
sinon
en
leur
teste.
Mais
puis
que
Dieu
n'a
pas
donne
sa
parolle
affin
qu'elle
fust
ensepvelie,
ou
tenue
comme
prisonniere
entre
petit
nombre
de
gens
scavans:
mais
a
voulu
qu'elle
soit
preschee
a
tout
le
monde:
ce
n'est
pas
raison
de
priver
le
peuple
Chrestien
du
benefice
que
Dieu
luy
a
voulu
communiquer
par
sa
bonte.
Puis
que
ainsi
est
donc,
que
par
la
malice
de
Sathan
la
doctrine,
laquelle
nous
debvoit
reconcilier
a
Dieu
et
engendrer
paix
et
concorde
entre
tous
les
hommes
de
la
terre,
est
a
present
tant
debattue
avec
si
merveilleuse
contention,
en
telle
sorte
que
l'Eglise
en
est
miserablement
dissipee,
et
quasi
desolee,
il
n'y
a
rien
meilleur
a
tous
Chrestiens,
que
d'enquerir
et
scavoir
quelles
sont
les
matieres
dont
il
est
question,
de
discuter
et
bien
poiser
les
raisons
d'une
part
et
d'aultre,
affin
de
se
resouldre
devant
Dieu:
et
prendre
un
fondement
certain,
pour
avoir
repos
en
leurs
consciences.
Car
c'est
un
paovre
estat
que
de
vaguer
et
chanceler
tousiours:
mesme
en
ce
qui
nous
debvroit
estre
tant
certain
et
asseure.
Mais
il
n'est
ia
mestier
de
poursuivre
plus
amplement
ce
propos.
Car
ceux
qui
liront
ce
present
livre
en
sentiront
bien
l'utilite
par
experience,
sans
qu'on
les
en
advertisse
de
parolles.
1)
Comme
cette
Epistre
au
Lecteur
ne
se
trouve
ni
dans
les
Actes
de
Bucer
ni
dans
ceux
de
Melanchthon,
il
y
a
lieu
de
Vattribuer
a
Calvin
lui-meme.
Calvini
opera.
Vol.
V.
33
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