55:510 qu'ilz ont degenere de la bonne nature en laquelle ilz estoyent creez. Mais les a exterminez de son Royaume, les iettant en miserable captivite, iusques a ce que le grand Iour viendra, ou ilz recevront leur derniere sentence. Ou nous avons mis ce mot Commencement, le mot grec a signification doubteuse: tellement que les autres disent principaute: mais le premier est le plus propre a la matiere presente : pour ce qu'il veult admonnester le peuple de ne se desvoyer du droict chemin. Comme Sodome et Gomorrhe et les cinq villes prochaines ^icelles ayant paillarde en mesme maniere^ et s'estant desbourdees a suyvre autre chair, sont laissees pour exemple, ayant receu iugement de feu eternel: aussi pareillement ceux icy estans de resverie eslourdiZy souillent leur chair, mesprisent domination, et mesdisent des puissances. Il veult dire que comme Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, pour l'horrible confusion, laquelle est tombee dessus icelles, sont exemple d'un merveilleux iugement de Dieu: ainsi il en adviendra de ceux dont il parle: lesquelz ne sont moins damnables en leurs oeuvres. Tellement que leur ruine ne sera en rien moins legiere que celle que nous lisons en Genese des dictes villes. Par l'autre chair, il entend les cupiditez desordonnees et estranges, dont estoyent souillez ces peuples. Car ilz sortoyent hors des limites de nature pour obeir a leur sensualite brutale. Quand il dit, qu'elles ont receu iugement de feu eternel : ii demonstre que le feu subit qui y descendit du ciel, n'estoit sinon une monstre exterieure du feu spirituel, qui iamais ne s'esteindra. On voit en ce passage une partie des faultes de ces mal-heureux personnages, qui corrumpoyent les Eglises de ce temps la: Car il dit qu'ils estoyent eslourdiz en songes, signifiant qu'ilz estoyent du tout menez et transportez par leur affection charnelle, comme l'esprit du dormant est ravy et trouble par ce qu'il songe, d'autant qu'il n'y a nulle raison qui le retire de sa perturbation. Secondement, que eux mesmes se souilloyent par abominations lesquelles il a mieulx ayme seulement noter que exprimer. Finalement qu'ilz diffamoyent les puissances et superioritez que le Seigneur a ordonne pour gouverner les choses humaines: voulant introduire une confusion, a fin qu'on ne peust plus discerner entre bien et mal. Or Michel archange, quand en questionnant disputoit avec le diable du corps de Moyse riosa iecter iugement de malediction, ains dict: Que le Seigneur te redargue: Mais ceulx cy des choses qu*tt* ignorent ilz mesdisent: et celles que naturellement comme bestes brutes ils approuvent