35:509 509 IOB CHAP. XLII. 510 despiter, et a estre solicitez a desespoir, ou bien a nous rebecquer contre Dieu: pensons a ce que nous avons leu de Iob et de sa patience. Car si nous saisons comparaison de tous les maux que nous pouvons endurer: il est certain que Dieu a voulu ici mettre un miroir qui surmontast toutes les tentations et fascheries qui adviennent iournellement aux fideles. Voici Iob d'un coste despouille de toute sa substance: il estoit riche, et comme un prince au pays: il est destitue iusques au bout, il n'a ne maison ne rien qui soit: apres le voila aussi bien desole quant a ses enfans: sa femme le despite et luy est contraire: en son corps, le voila comme une povre charongne pourrie, qu'on ne daigne pas le regarder: comme nous avons veu qu'il se plaignoit, que sa peau estoit attachee aux os, et mesmes qu'il a este dit qu'il racloit la pourriture de sa chair. Voila un terrible spectacle: mais ce n'est point le principal de ce que Iob souffre et en ses biens, et en ses enfans, et en sa femme, et en son corps : cela n'est rien au pris de cest' angoisse qu'il endure quand il voit que Dieu luy est contraire: et c'est la aussi ou il s'est adresse, quand il faisoit ses complaintes. Comment? disoit-il. Que Dieu ne m'oste-il? Que ne suis-ie rase du monde? Fautil que ie languisse ici tant? Et puis que ie ne suis qu'une povre creature fragile, pourquoi est-ce que Dieu me presse si grievement? Iob donc estoit en tel trouble, quand il voyoit que Dieu estoit sa partie adverse, et que de son coste il ne savoit pourquoi. Or puis qu'ainsi est, il ne nous doit point faire mal, quand nous serons moyennement affligez, que Dieu selon nostre infirmite nous chastiera chacun de nous en son endroit: nous ne devons point trouver cela estrange : mais revenons a ceste histoire qui a este escrite pour nostre instruction: et la dessus regardons la fin: car si nous ne contemplions sinon ceste extremite en laquelle Iob a este du temps que Dieu le persecutoit, helas nous serions tout effrayez, il n'y a celui qui ne quittast tout. Et que profite-on de servir a Dieu, veu qu'il faut que ceux qui auront chemine en sa crainte soyent les plus malheureux? Mais quand nous regardons l'issue, voila en quoi nous avons a nous consoler: c'est qu'en premier lieu (comme nous avons dit) les afflictions sont temporelles pour les enfans de Dieu : et puis elles leur servent de medecines, et l'issue en est tousiours heureuse: tellement qu'ils ont tousiours dequoi glorifier Dieu, non seulement quand il les delivre, mais aussi d'autant qu'il mortifie toutes leurs mauvaises concupiscences: et qu'aussi en cela ils ont meilleure confirmation de la doctrine entant que nostre Seigneur Iesus estant l'image vive de tous fideles et enfans de Dieu, ils sont conformez a lui: comme S. Paul en traitte au