3:50 duellement tormentez de songes horribles et espovantables. Parquoy les plus meschans nous doyvent servir d'exemples que Dieu se fait cognoistre a tous hommes, et que telle impression a une vigueur qui ne se peut abolir. 3.1) Quoy qu'il en soit, c'est-cy un point resolu à tous ceux qui iugent iustement, que l'esprit humain a un sentiment de divinité engrave si profond, qu'il ne se peut effacer. Mesmes que ceste persuasion soit naturellement enracinée en tous, assavoir qu'il y a un Dieu, et qu'elle soit attachée comme en la moelle des os, la fierté et rebellion des iniques en testifié, lesquels en combatant furieusement pour se desvelopper de la crainte de Dieu, n'en peuvent venir à bout. Un nommé Diagoras anciennement et quelques semblables ont voulu plaisanter en se moquant de toutes les religions du monde: Denis tyran de Sicile, en pillant les temples s'est moqué comme si Dieu n'y voyoit goutte: mais ces ris ne passent point le gosier, pource qu'il y a tousiours un ver au dedans qui ronge la conscience, voire plus asprement que nul cautere. Ie ne diray pas comme Ciceron, que tous erreurs s'esvanouyssent avec le temps, mais que la religion croist et se conferme de iour en iour: car à l’opposite nous verrons tantost que le monde, entant qu'en luy est, s'efforce de ietter bien loin toute cognoissance de Dieu, et corrompre son service en toutes façons: seulement ie dy, combien que la dureté et estourdissement qu'attirent les meschans et amassent tant qu'ils peuvent pour pouvoir mespriser Dieu, croupissent et pourrissent en leur coeur, cependant le sentiment qu'ils ont de la maiesté de Dieu, lequel ils appetent d'esteindre tant qu'il leur est possible, revient tousiours au dessus. Dont ie [fn] 1) Toute la première partie du §. 3 est nouvellement ajoutée dans l’éd. de 1560.