3:5
5
IEAN1)
CALVIN
AU
LECTEUR.
Pource
qu'en
la
premiere
edition
de
ce
livre
ie
n'attendoye
pas
qu'il
deust
estre
si
bien
receu
comme
Dieu
l’a
voulu
par
sa
bonté
inestimable,
ie
m'en
estoye
acquitté
plus
legerement,
m'estudiant
à
brieveté:
mais
ayant
cogneu
avec
le
temps
qu'il
a
esté
recueilly
de
telle
faveur
que
ie
n'eusse
pas
osé
desirer,
tant
s'en
faut
que
ie
l'esperasse:
ie
me
suis
senty
d'autant
plus
obligé
de
m'acquitter
mieux
et
plus
pleinement
envers
ceux
qui
recevoyent
ma
doctrine
de
si
bonne
affection,
pource
que
c'eust
esté
ingratitude
à
moy,
de
ne
point
satisfaire
à
leur
desir
selon
que
ma
petitesse
le
portoit.
Parquoy
i'ay
tasché
d'en
faire
mon
devoir:
non
seulement
quand
ledit
livre
a
esté
imprimé
pour
la
seconde
fois,
mais
toutes
fois
et
quantes
qu'à
la
rimprime2),
il
a
esté
aucunement
augmenté
et
enrichy.
Or
combien
que
ie
n'eusse
point
occasion
de
me
desplaire
au
travail
que
i'y
avoye
pris,
toutesfois
ie
confesse
que
iamais
ie
ne
me
suis
contenté
moymesme,
iusques
à
ce
que
ie
l'ay
eu
digeré
en
l'ordre
que
vous
y
verrez
maintenant,
lequel
vous
approuverez,
comme
i'espere.
Et
de
fait,
ie
puis
alleguer
pour
bonne
approbation,
que
ie
ne
me
suis
point
espargné
de
servir
à
l'Eglise
de
Dieu
en
cest
endroit,
le
plus
affectueusement
qu'il
m'estoit3)
possible:
en
ce
que
l’hyver
prochain,
estant
menacé
par
la
fievre
quarte
de
partir
de
ce
monde,
d'autant
plus
que
la
maladie
me
pressoit,
ie
me
suis
d'autant
moins
espargné,
iusques
à
ce
que
i'eusse
parfait
le
livre,
lequel
survivant
apres
ma
mort
monstrast
combien
ie
desiroye
satisfaire
à
ceux
qui
desia
y
avoyent
profité,
et
desiroyent
d'y
profiter
plus
amplement.
Ie
l'eusse
bien
voulu
faire
plustost:
mais
ce
sera
assez
tost,
si
assez
bien:
et
quant
à
moy,
il
me
suffira
qu'il
ait
apporté
fruict
à
l'Eglise
de
Dieu,
encores
plus
large4)
que
par
cy
devant.
Voila
mon
seul
souhait:
comme
aussi
de
fait
ie
seroye
bien
mal
recompensé
de
mon
labeur,
si
ie
ne
me
contentoye
estre
approuvé
de
mon
Dieu,
pour
mespriser
les
folles
opinions
et
perverses
des
ignorans,
ou
les
calomnies
et
detractions
des
malins.
Car
combien
que
Dieu
ait
du
tout
attaché
mon
coeur
à
une
droite
affection
et
pure
d'augmenter
son
regne,
et
servir
à
l'utilité
de
son
Eglise:
que
ma
conscience
me
rende
bon
et
certain
tesmoignage
devant
luy
et
devant
ses
Anges,
que
ie
n'ay
eu
autre
intention
depuis
qu'il
m'a
donné
ceste
charge
et
office
d'enseigner,
sinon
de
profiter
à
son
Eglise
en
declarant
et
maintenant
la
pure
doctrine
qu'il
nous
a
apprise:
toutesfois
ie
ne
pense
point
qu'il
y
ait
homme
sur
la
terre
qui
soit
plus
assailly,
mors
et
desciré
par
fausses
detractions,
tant
des
ennemis
manifestés
de
la
verité
de
Dieu,
que
de
beaucoup
de
canailles
qui
se
sont
fourrez
en
son
Eglise:
tant
des
Moynes
qui
ont
apporté
leurs
frocs
hors
de
leurs
cloistres
pour
infecter
le
lieu
où
ils
venoyent,
que
d'autres
villains
qui
ne
vallent
pas
mieux
qu'eux.5)
Sans
aller
plus
loing,
desia
ceste
Epistre
estoit
sous
la
presse
quand
i'ay
receu
cer-
[fn]
1)
Toutes
les
éditions
originales,
à
l’
exception
de
celle
de
1545,
écrivent:
Iean.
2)
qu'on
l'a
r’imprimé
1561
ss.
3)
1561
ss.
:
m'a
esté.
4)
1561:
ample.
5)
Toute
cette
phrase
depuis:
tant
des
ennemis,
manque
dans
le
texte
latin.
|