28:5 5 LE PREMIER SERMON SUR LE CHAP. XXII. V. 1-4. DU IEUDI 2E DE IANVIER 1556. Pource que nous restraignons par trop ce commandement de la Loy, ou il nous est defendu de desrober, ceste exhortation qui nous est ici donnee nous est bien utile. Il nous semble quand nous n'aurons point ravi le bien et la substance d'autruy, que nous sommes quittes devant Dieu, et qu'on ne peut point nous accuser de larrecin: mais Dieu a bien regarde plus loin, c'est assavoir qu'un chacun procure le bien de son frere. Car nous sommes tenus a cela, et celuy qui n'en tient conte, est condamne comme larron devant Dieu, encores que devant les hommes on ne le puisse point redarguer. Si ie di: Ie me suis abstenu de nuire a personne, et que ie n'aye point mes mains souillees de rapines et d'extorsions, encores ne suisie point quitte. Car si i'ay veu le bien de mon frere perir, et que par ma nonchalance i'ay sonfiert qu'il s'en allast en destruction, voici Dieu qui me condamne. Notons bien donc, quand la Loy a defendu le larrecin, qu'elle a aussi bien oblige chacun de nous a procurer le bien et le profit d'autruy. Et de faict, nous devons observer ceste reigle-la par tout, que quand Dieu nous defend un mal, il commande aussi le bien a l'opposite. Il dit: Tu ne desrobberas point. Et pourquoy? Car celuy qui fait dommage ou nuisance a son prochain, est abominable devant Dieu. Or il faut conclure donc que tout ainsi que ie veux que mon bien me soit garde, qu'aussi il faut que le bien d'autruy me soit recommande, et qu'un chacun doit faire le semblable en son endroit. Or l'exemple nous est ici propose: Que si ie voy le boeuf, ou la vache de mon prochain, ou quelque piece de son bestial errante par les champs, que ie suis tenu de les ramener en sa maison : et luy dire : I'ay trouve vostre boeuf, faites-en meilleure garde. Mesmes si ie trouve quelque beste incogneue et que ie voye qu'elle soit esgaree, ie suis tenu de la garder