27:5 5 LE PREMIER SERMON SUR LE CHAP. X. V. 1.8. DU MARDI 10E DE SEPTEMBRE 1555. Nous avons desia veu par ci devant ce qui est ici recite par Moyse, c'est assavoir que Dieu pour la seconde fois a escrit les dix commandemens de sa Loy en deux tables de pierre: et c'est afin que le peuple pensast tant mieux que l'alliance que Dieu a contractee avec luy, est de sa pure misericorde. Car nous avons veu que Dieu avoit quitte le peuple: et ainsi c'est autant comme s'ils estoyent mis au rang commun des hommes qui sont du tout maudits, et alienez de Dieu. Vray est que desia c'estoit de la bonte gratuite de Dieu, que le peuple avoit este choisi: car, comme nous avons veu, nul d'entre eux n'estoit nay quand Dieu avoit fait la promesse a son serviteur Abraham: il faut donc qu'ils recognoissent que ce n'a point este a cause de leurs merites que Dieu les a eleus. Mais d'autant que les hommes taschent tant qu'il leur est possible d'obscurcir la grace de Dieu, et qu'ils cerchent des petites inventions, et frivoles, pour attribuer a eux quelque partie de leur salut : il a fallu que ceci fust pleinement remonstre, c'est assavoir que Dieu pour la seconde fois recoit ce peuple a merci, sans avoir aucun esgard a luy, s'il en est digne, ou non: mais que cela procedoit de sa pure bonte. Les hommes pensent que Dieu ait preveu quels ils doivent estre, quand il les elit: comme nous voyons que cest erreur diabolique a tousiours regne, et encores maintenant d'aucuns phantastiques voudroyent que l'election de Dieu fust fondee sur sa prescience, c'est a dire, quand Dieu a eleu ceux qu'il luy a pleu devant le creation du monde, ils viennent gloser la dessus, qu'il a cogneu ceux qui en seroyent dignes, et qu'il les a marquez : et pour ceste cause qu'il les a preferez a ceux qu'il a cogneu devoir estre meschans. Or cela est tout au rebours de ce que l'Escriture enseigne: car elle monstre que Dieu prend en soy la cause de nous elire, c'est a dire, de sa pure grace. Car il ne