26:5 5 LE PREMIER SERMON SUR LE CHAP. II. V. 1-7. DU IEUDI 25E D'AVRIL 1555. Ici nous voyons plus a plein la pratique de ce qui fut hier traitte, c'est assavoir, que Dieu en chastiant les hommes, les apprent a obeir: et par ce moyen les tient comme par force, d'autant qu'ils ne veulent point s'assuiettir a luy de leur bon gre. Secondement, qu'il esprouve leur obeissance, les faisant reculer, au lieu que de nostre nature nous ne demandons sinon de nous advancer, et nous faire valoir. Moyse donc dit: Que ce peuple tourna bride apres avoir este ainsi battu de ses ennemis. Auparavant on ne le pouvoit dompter en facon que ce fust. Dieu luy commandoit bien ce qui estoit de faire: mais nous avons veu la rebellion. S'il disoit: Tenez vous coys; ils estoyent bouillants, et vouloyent ruer contre leurs ennemis. S'il disoit: Ne marchez point: ils vouloyent courir plus viste beaucoup qu'auparavant. Or sont-ils enseignez a, leurs despens? Dieu a-il accompli sa menace, quand il les a fait desconfire par leur ennemis? les voila maintenant dociles: mais c'est trop tard. Comme un fol iamais ne sera instruit, sinon qu'il ait senti le mal, comme on dit en proverbe. Or par cela nous sommes admonnestez combien il nous est utile d'estre ainsi maniez. Oar sans que Dieu nous reduist a soy par correction: il seroit impossible que nous luy fussions tels qu'il appartient pour escouter sa voix, et pour suyvre la ou il nous commande. Il faut donc que nous soyons preparez a coups de verges. Et au reste, apprenons bien ce qui a desia este declare, comme Moyse nous le monstre aussi a l'oeil: c'est assavoir, que Dieu permettra que nous languissions, encores qu'il nous soit propice, et qu'il nous ait pardonne les pechez que nous avons commis: si est-ce qu'il nous faudra souffrir pour quelque espace de temps. Nous gemirons a luy, et il nous laissera en nostre estat, et en nostre condition miserable: mais en la fin le tout reviendra a nostre profit. Car si Dieu eust ouvert la porte au peuple d'Israel, et qu'il