35:497 497 IOB CHAP. XLII. 498 et qui sovent les plus vertueux du monde et plus qu'humains: que les hommes nous pourront lever par dessus leurs espaules: ce ne sera rien, sinon que nous ayons une racine vive en nos coeurs, et que nous desirions de servir a Dieu, que nous ayons prins un tel but. Il vaudroit beaucoup mieux aller le droit chemin en clochant: que de faire de grands sauts, et cependant n'avancer rien: ou mesmes que de faire de grandes parades, et cependant avoir les coeurs enveloppez de toutes meschantes affections. Advisons donc de n'appeter point que les hommes nous prisent beaucoup: mais que nous venions tousiours la que nostre Dieu nous gouverne, qu'il tienne la bride sur nous, et que nous ad visions de nous addonner a lui en obeissance. Or cependant nous avons ici un tesmoignage certain et infallible de ce qui a este traitte par ci devant: c'est assavoir que Iob combien qu'il ait failli en quelque mot : toutes fois n'a pas laisse d'avoir bonne cause, puis que Dieu, qui en est lui seul Iuge competant, le prononce ainsi. Au contraire, combien que ses amis ayent eu de belles couleurs et des argumens qui estoyent trop favorables (ce sembloit) neantmoins ils sont ici reprouvez. Et pourquoy? Nous avons desia monstre les deux raisons. L'une qu'ils ont condamne Iob pource qu'il estoit batu de la main de Dieu. Ainsi donc si nous voulons que nostre iugement ne soit point renverse la haut, apprenons de ne point iuger a la volee quand Dieu chastiera les hommes: et meditons bien les causes qui sont contenues en l'Escriture saincte: et que nous facions cela non seulement envers nos prochains, mais envers nous. Dieu donc nous afflige-il? Soyons sages: comme aussi quand S. Iaques parle de la patience, notamment il l'appelle sagesse (1, 4. 5). Et c'est la plus grande sagesse que nous puissions avoir, apres que nous* avons cognu Dieu nostre Pere, et receu la grace qu'il nous offre en nostre Seigneur Iesus Christ: que nous puissions prendre ce qu'il nous envoye d'affliction tout doucement, que plians les espaules nous venions a nous consoler en nos miseres, et nous resiouir en nos tristesses. Voila comme nous serons droitement instruits en l'escole de nostre Dieu. Ainsi donc quand Dieu nous afflige, que nous ne concevions point un chagrin, ni amertume contre luy: car nous n'y gaignerons rien, mais plustost meditons ce que l'Escriture saincte nous monstre. Qu'il est besoin que nous soyons mortifiez: car nous sommes par trop adonnez au monde, nous ne penserions point a la vie celeste. Si nous avions tous nos souhaits: ou en serions-nous? Or ii y a d'avantage: que Dieu cognoist qu'il y a beaucoup de rebellions secretes en nostre chair: il faut donc que nous soyons mattez comme par force. Et puis nous ne Calvini opera. Vol XXXV.