35:496 porte et n'a point d'esgard a nos infirmitez et nos vices, pour les condamner sans remission. Et voila pourquoi il est dit en l'Escriture, que ceux qui se sont employez a servir a Dieu et garder sa Loi, sont iustes: comme Zacharie et Elizabeth ont este iustes devant Dieu. Comment iustes? Ou est l'homme qui se trouvera tel? comme il est dit au Pseaume. Ne faut-il pas que nous soyons tous condamnez comme povres pecheurs, et que nous ayons tous la bouche close? Ouy bien. Mais outre ce que Dieu avoit receu Zacharie et Elizabeth pour les gouverner par son S. Esprit: il accepte aussi ce qu'ils desirent de bien faire, comme s'il n'y avoit que perfection en nos desirs qui sont imparfaits. L'obeissance n'est pas telle comme il seroit requis: mais tant y a que Dieu la recoit, d'autant qu'il n'impute point a ceux qui desirent de le servir, toutes les imperfections qui sont en eux. Et voila pourquoi il les accepte comme iustes. Or donc combien qu'il y aura des fautes en nous, Dieu les mettra en oubli, elles seront ensevelies par sa misericorde: tellement qu'il ne laissera pas de nous accepter comme iustes et droits, moyennant que nostre coeur tende la (comne nous avons dit) de l'honorer, et de nous addonner a son obeissance. Et ceci nous doit servir a deux choses. Car nous voyons en premier lieu, comme les Papistes sont enragez, quand ils prennent ces tesmoignages pour fonder leurs merites. O voila (diront- ils) il est parle de droiture: nous meritons donc envers Dieu, et avons les coeurs purs et droits pour venir a Dieu. Helas! et d'ou vient ceste droiture? Meritons-nous une telle louange de la bouche de nostre Dieu? Et il nous pourroit condamner cent mille fois sans user de grace envers nous: mais d'autant qu'il efface et oublie nos fautes, et qu'il ne veut point y avoir esgard, voila pourquoi il nous accepte comme iustes. Et ainsi cognoissons ici seulement sa misericorde et sa pure bonte: et faisons lui hommage. Et au reste nous devons prendre courage de bien faire, quand il est dit que nostre Seigneur se contente de nous, et qu'il advoue comme bon et louable, ce qui toutes fois est pollu: et que combien qu'il y ait a redire, et qu'il y ait des fautes et imperfections grandes en nos oeuvres, et que nous serions dignes que Dieu nous detestast, d'autant que tout ce que nous lui pouvons apporter est la comme puantise: si est-ce qu'il l'accepte comme sacrifice de bonne odeur, et recoit les oeuvres qui sont ainsi entachees de vices. Puis qu'ainsi est, ne devons - nous point estre tant plus enflammez a le servir et honorer? Voila donc ce que nous avons a noter en ce passage. Or cependant notons aussi, que nous aurons beau faire des actes heroiques (comme on appelle)