3:49 49 LIVRE I. CHAPITRE III. 50 pour les faire encliner à religion. Mesmes il n'est pas vray semblable que ceux qui ont voulu abuser les simples ydiots sous ce tiltre, ayent esté du tout vuides de cognoissance de Dieu. Car combien qu'anciennement aucuns se soyent eslevez, et qu'auiourdhuy encores plusieurs s'avancent pour nier qu'il y ait aucun Dieu, toutesfois maugré qu'ils en ayent si faut-il qu'ils sentent ce qu'ils desirent d'ignorer. On ne trouve point par les histoires que nul se soit plus desbordé, ny avec plus grande audace et furie, que Caligula Empereur de Rome: toutesfois nous ne voyons pas que nul ait esté plus effrayé, ny angoissé de plus grande destresse que luy, quand quelque signe de l'ire de Dieu se monstroit. Ainsi combien que de propos deliberé il s'estudiast à mespriser Dieu, si falloit-il que maugré ses dens il l'eust en horreur. On verra le semblable avenir1) à tels contempteurs: car selon que chacun d'eux est le plus hardy à se moquer de Dieu, il tremblera plustost que tous les autres, seulement oyant tomber une fueille d'un arbre. Ie vous prie d'où procede cela, sinon que la maiesté de Dieu se venge en espovantant leurs consciences, d'autant plus fort qu'ils cuident la pouvoir fuyr? Ils cherchent bien tous subterfuges pour se cacher de la presence de Dieu, et aussi l'effacer de leur coeur: mais bon gré maugré ils se trouvent enveloppez pour n'en pouvoir sortir. Et encores que pour peu de temps il semble bien que tout s'esvanouisse, si faut-il d'heure en heure revenir à conte, pource que la maiesté de Dieu en se faisant sentir, leur dresse nouveaux alarmes: en sorte que s'ils ont quelque relasche de leurs anguoisses, c'est comme le dormir des yvrongnes ou des phrenetiques, qui mesmes en dormant ne reposent point paisiblement, pource qu'ils sont assi- [fn] 1) 1562 ss.: advenir.