35:48 vertis, que la marque que Dieu avoit mise en nous pour y estre glorifie, est tournee en son opprobre: et toutes les graces qui nous estoyent conferees, nous sont autant de tesmoignages pour nous rendre coulpables devant Dieu: d'autant que nous les polluons, et que l'homme demeurant en son naturel ne fera qu'abuser des biens qu'il a receus, et les appliquera a tout mal. Et ainsi voila tousiours nostre confusion qui s'augmente par tous les dons que Dieu nous aura communiquez. Mais encores prenons le cas, que nous fussions en ceste integrite ou nostre pere Adam a este premierement : faudroitil que nous presumissions de nous, sous ombre que Dieu nous auroit ainsi annoblis? Or nous tenons tout de luy. Qui est-ce qui nous separe d'avec les bestes brutes, et qui nous rend plus excellens? Avons-nous cela de nostre industrie? L'avonsnous acquis par nostre vertu? L'avons-nous d'heritage de nos ancestres? Nenny: mais nous l'avons d'autant que Dieu nous l'a donne par sa bonte gratuite. Ainsi donc qu'est-il question de faire, sinon de nous humilier? Voila ce que nous avons a retenir en general de ce passage, ou Eliu confesse qu'il a este cree de fange, et que l'esprit et la vie qu'il a, il les doit a Dieu, pource qu'ils luy sont communiquez de sa pure bonte. Or cependant ceux desquels Dieu se voudra servir en estat honorable, doivent tant mieux recorder ceste lecon. Car ce n'est point a fin que les hommes s'eslevent, quand Dieu leur tend la main, et qu'il les met en quelque degre d'honneur: mais plustost a ce qu'ils cognoissent combien ils sont tenus a luy, qu'ils soyent tant mieux incitez a l'honorer, et qu'ils s'aguisent, et appliquent tous leurs sens et toutes leurs affections a faire tellement, que Dieu soit honore par eux: comme il est dit qu'une chandelle ne doit point estre cachee, mais on la mettra sur un buffet, afin qu'elle luise par toute la maison. Ceux donc ausquels Dieu fait ceste grace de les eslever en quelque vocation plus digne et plus haute, doivent estre tant plus enflammez pour esclairer leurs prochains, et leur donner tel exemple que la grace qu'ils ont receue ne soit point comme estouffee. C'est ce que nous avons ici a observer en second lieu. Or cependant notons en general, que les hommes ne peuvent point attribuer a Dieu la gloire qui luy est deue, sinon en se desnuant du tout. Or tant que nous pretendrons de reserver a nous quelque peu que ce soit, la gloire de Dieu sera d'autant amoindrie. Que faut-il donc? Quand nous aurons bien espluche le bien qui est en nous, que nous facions autant d'Items en nos contes de ce que nous aurons receu, et qu'il n'y ait rien qui nous soit propre. Yoila comme les hommes ne despouilleront Dieu de sa louange: c'est quand ils s'estudieront