35:475 475 SERMON CLYII 476 fait enfondrer en la mer: et quand Dieu nous voudra toucher de sa main, n'aura-il point des barres de fer qui seront beaucoup plus dures? Allons donc heurter contre luy. Quand donc nous apprehenderons aussi bien quelle est la vertu infinie de la main de Dieu et de son bras, sur tout s'il est arme contre nous: nous verrons bien que ce n'est point un langage inutile, que d'avoir ainsi traitte de la chair et des os de la balaine. Mais d'autre coste aussi cognoissons que si une beste a telle vertu en soy, et mesmes qu'il est dit, qu'elle se mocque du branlement des lances^ qu'elle ne craint point les espees, et tous les autres glaives: par cela il nous est monstre, que si nous sommes armez de la vertu de nostre Dieu, nous sommes en bonne seurte, et que nous n'avons point occasion de craindre ne d'estre en souci. Nous voyons que Dieu a donne a des bestes une telle vertu: et pourquoy donc ne nous fierons-nous en sa protection? Au reste notons bien, que toute la force qui est tant aux balaines qu'aux autres bestes, combien qu'elle soit terrible, perira: comme elle perit quand il plaist a Dieu. Il nous faut donc retenir, pour ne point avoir nostre confiance en nousmesmes (car c'est une folie par trop grande) mais recourons a celuy qui a toute vertu en soy et puissance. Et pour mieux faire nostre profit de ceste doctrine, notons que quand nous voyons la main de Dieu levee, que nous voyons les troubles qui sont par tout le monde: d'un coste il nous faut apprendre a nous defier, et que nous soyons comme aneantis cognoissans les foiblesses qui sont en nous: et cependant que nous ne laissions pas a, nous glorifier en Dieu, quand nous aurons sa vertu pour nous soustenir. Voila donc comme ii nous faut