35:465 465 IOB CHAP. XLI. 466 au Pseaume cent quatrieme (v. 26), que la ou il y a ce mot de baleine translate, l'Hebrieu met Leviathan: et cognoist-on assez qu'il est parle des miracles de Dieu selon qu'on les voit en la mer, voire plus qu'en la terre. Il y a une raison peremptoire pour nous monstrer qu'il faut prendre ce texte en sa simplicite, et non pas si subtilement: car nous avons veu par ci devant que Dieu veut enseigner les hommes d'une facon grossiere et rude selon leur petitesse, et qu'il a fait cela afin qu'ils fussent tant mieux convaincus de sa puissance. Et au reste il leur a aussi voulu reprocher leur folie quand ils 8'osent dresser contre lui: d'autant que les bestes les peuvent redarguer. Notons bien donc qu'ici Dieu donne une lecon aux hommes, pour se mocquer de leur arrogance quand il les renvoye aux bestes: et cela n'auroit point de lieu, s'il estoit parle du diable. Et quand il a voulu que la baleine soit comme le roi des fils d'orgueil, ce n'est point que telle soit l'affection de la beste: mais cela est plustost dit pour comparer les hommes a la baleine: comme si nostre Seigneur disoit, II est vrai que les hommes feront des hautes levees de bouclier, il est vrai qu'ils ietteront des gambades par dessus les nues: mais quand ils auront bien amasse toutes leurs forces, qu'ils auront bien presume: que sera-ce au prix d'une baleine? Qu'un homme se face tant valoir qu'il est possible: et qu'il vienne rencontrer uno baleine: cela n'a-il pas en soi mieux dequoi se glorifier? car si on l'accompare a une maison ou a une tour, si on l'accompare a une artillerie, si on l'accompare a une montagne: on trouvera toutes ces qualitez en elle: on trouvera une force si terrible, que les navires en pourront estre renversees. Et ou est l'homme qui pourra approcher d'une telle vertu? Nous voyons donc, que notamment Dieu a monstre, que nous serons tousiours surmontez par les baleines, et pourtant que nostre orgueil est par trop ridicule: et sur tout quand nous prenons ceste hardiesse de nous eslever contre lui, et de lui vouloir ravir ce qui lui appartient, le vouloir despouiller de sa iustice: qu'en cela il faut que nous demeurions confus, voire sans que Dieu descende du ciel, sans qu'il se monstre en sa maieste: il suffira qu'il ait les bestes pour maintenir son honneur. Or il est vray que par deduction de l'un a l'autre on pourroit bien prendre ceste similitude des balaines, et des elephans, pour nous faire sentir combien la vertu du diable nous doit effrayer, veu qu'il est appelle le prince de l'air et du monde. Voila un titre que Dieu luy attribue non sans cause: c'est afin que nous cheminions en crainte, voyans que nous avons un ennemi si fort et si robuste pour nous,- qui sommes tant debiles. On pourroit bien donc de l'un a l'autre ici prendre un advertissement, que si nous ne vou- Calvini opera. Vol XXXV.