3:46
qu'elle
se
sent
pressée
d'affliction
ou
disette,
elle
a
son
recours
à
luy,
attendant
d'en
estre
secourue:
d'autant
qu'elle
le
tient
sans
doute
pour
humain
et
pitoyable,
elle
se
repose
en
luy
avec
certaine
fiance,
et
ne
doute
pas
qu'en
toutes
ses
adversitez
elle
n'ait
tousiours
son
remede
prest
en
la
bonté
et
clemence
d'iceluy:
pource
qu'elle
le
tient
comme
Seigneur
et
Pere,
elle
conclud
aussi
que
c'est
bien
raison
de
luy
donner
la
superiorité
qui
luy
appartient,
honnorant
la
maiesté
d'iceluy,
procurant
que
sa
gloire
soit
avancée,
et
obeissant
à
ses
commandemens:
pource
qu'elle
le
recognoist
iuste
Iuge,
et
qu'il
est
armé
de
iuste
rigueur
pour
punir
les
malefices
et
pechez,
elle
se
met
tousiours
devant
les
yeux
le
siege
iudicial
d'iceluy,
et
se
tient
comme
bridée
de
la
crainte
qu'elle
a
de
l'offenser:
toutesfois
elle
ne
s'espovante
pas
de
frayeur
qu'elle
ait
de
son
iugement,
en
sorte
qu'elle
se
vueille
retirer
ou
cacher
de
luy,
mesmes
quand
elle
trouveroit
quelque
eschappatoire:
mais
plustost
elle
l'accepte
et
reçoit
iuge
des
iniques
comme
bien-facteur
envers
les
fideles:
veu
qu'elle
cognoist
qu'il
luy
est
autant
convenable1)
entant
qu'il
est
Dieu,
de
rendre
aux
meschans
le
salaire
qu'ils
ont
deservi,
que
de
donner
aux
iustes
la
vie
eternelle.
Davantage
elle
ne
se
retient
pas
seulement
de
mal
faire
pour
crainte
de
punition:
mais
entant
qu'elle
aime
et
revere
Dieu
comme
pere,
qu'elle
l’honnore
avec
humilité
comme
maistre
et
superieur,
encores
qu'il
n'y
eust
point
d'enfers,
si
a
elle
horreur
de
l'offenser.
Voila
que
c'est
de
la
vraye
et
pure
religion,
assavoir
la
foy
coniointe
avec
une
vive
crainte
de
Dieu:
en
sorte
que
la
crainte
comprenne
sous
soy
une
reverence
volontaire,
et
tire
avec
soy
un
service
tel
qu'il
appartient,
et
tel
que
Dieu
mesmes
l'ordonne
en
sa
Loy.
Et
d'autant
plus
est
ceci
à
noter,
que
tous
indifferemment
font
honneur
à
Dieu,
et
bien
peu
le
reverent:
veu
que
tous
monstrent
belle
apparence,
mais
bien
peu
s'y
adonnent
de
coeur.
CHAPITRE
III.2)
Que
la
cognoissance
de
Dieu
est
naturellement
enracinée
en
l’esprit
des
hommes.
1.
Nous
mettons
hors
de
doute
que
les
hommes
ayent
un
sentiment
de
divinité
en
eux,
voire
d'un
mouvement
naturel.
Car
afin
que
nul
ne
cherchast
son
refuge
sous
tiltre
d'ignorance,
Dieu
a
im-
Or
comme
les
payens
mesmes
confessent,
il
n'y
a
nation
si
barbare,
nulle
gent
si
sauvaige,
laquelle
n'ait
ceste
impression
au
coeur,
qu'il
y
a
quelque
Dieu.
Et
ceux
qui
aux
autres
endroitz
de
la
vie
semblent
ne
differer
gueres
des
bestes
brutes
retiennent
neantmoins
tousiours
quelque
semence
de
religion:
tellement
ceste
conception
universelle
a
pris
racine
en
tous
espris,
et
est
fichée
en
tous
coeurs.
[fn]
1)
Texte
latin:
ad
eius
gloriam
pertinere.
2)
Le
troisième
Chapitre
est
formé
des
§§.
5.
6
et
11
du
Ch.
I.
des
édd
antérieures.
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