5:453 DE LA CENE. controuve sans la parolle de Dieu, mais aussi est contraire directement a l'institution de la Cene, il doibt estre reiette de tous Chrestiens. Nous avons monstre dont est venue ceste calamite en l'Esglise papalle, que le peuple s'abstient de communiquer a la Cene tout au long de l'an, a scavoir, pource qu'on la tient comme un Sacrifice, lequel est offert d'un, au nom de tous. Mais encore, quand il est question d'en user une fois l'annee, elle est povrement dissipee et comme desciree eji pieces. Oar au lieu de distribuer au peuple le Sacrement du sang, comme porte le commandement du Seigneur, on luy faict a croire qu'il se doibt contenter de l'autre moytie. Ainsi les povres fideles sont meschamment fraudes de la grace que le Seigneur leur avoit faicte. Car, si ce n'est pas un petit benefice que de communicquer au sang du Seigneur pour nostre pasture, c'est une trop grande cruaulte de le ravir a ceux ausquelz il appartient. En cela [pag. 55] nous povons appercevoir de quelle audace et hardiesse le Pape a tyrannise l'Esglise, apres qu'il a une fois occuppe la domination. Nostre Seigneur ayant commande a ses Disciples de manger le pain sanctifie en son corps, quand il vient au calice, ne leur dit pas simplement beuvez, mais il adiouste nommement que tous en boivent. Voudrions- nous chose plus claire que cela? Il dit que nous mangeons 1) le pain, sans user de mot universel. Il dit que nous beuvions tous du calice. Dont vient ceste difference, sinon qu^il a voulu aller au devant a ceste malice du Diable? Et neantmoins l'orgueil du Pape est tel, qu'il ose dire : n'en beuvez pas tous. Et a fin de monstrer qu'il est plus sage que Dieu, il allegue que c'est bien raison, que le Prestre ayt quelque previlege oultre le peuple, pour honnorer la dignite sacerdotale. Comme si nostre Seigneur ne se feust point advise comment l'un doibt estre discerne de l'autre. D'avantage il obiecte des dangiers qui pourroient [pag. 56] advenir, si le calice estoit communement donne a tous. C'est que il s'en pourroit aucunefois respandre quelque goutte: comme si nostre Seigneur n'avoit point preveu cela. N'est-ce pas arguer Dieu tout apertement qu'il a confondu l'ordre qu'il devoit observer, et a mis son peuple en dangier sans propos? Pour monstrer qu'il n'y a pas grand inconvenient en ceste mutation, il remonstre que soubz une espece tout est compris: d'autant que le corps ne peut estre divise du sang : comme si en vain le Seigneur avoit distingue l'un de l'autre. Car si on peut laisser derriere l'une des parties comme superflue, ce auroit este iollie de les recommander distinctement. Aucuns de ses suppotz, voyant que c'estoit impudence 1) mangions, 1549 ss