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45
LIVRE
I.
CHAPITRE
II.
III.
46
biens
qu'il
nous
fait.
Car
iusques
à
ce
que
les
hommes
ayent
ceci
bien
imprimé
au
coeur,
qu'ils
doivent
tout
à
Dieu,
qu'ils
sont
tendrement
nourris
sous
son
soin
paternel:
brief
qu'ils
le
tiennent
autheur
de
tout
bien,
en
sorte
qu'ils
n'appetent
rien
que
luy,
iamais
ils
ne
s'assuiettiront
d'une
franche
devotion
à
luy:
qui
plus
est,
s'ils
ne
mettent
en
luy
toute
leur
felicité,
iamais
ne
s'y
adonneront
en
verité
et
rondeur.
2.
Parquoy
ceux
qui
s'appliquent
à
decider
ceste
question,
assavoir
que
c'est
que
Dieu,
ne
font
que
se
iouer
en
speculations
frivoles,
veu
que
plustost
il
nous
est
expedient
de
savoir
quel
il
est,
et
ce
qui
convient
à
sa
nature.
Car
quel
profit
y
aura-il
de
confesser
avec
les
Epicuriens,
qu'il
y
a
quelque
Dieu,
lequel
s'estant
deschargé
du
soin
de
gouverner
le
monde,
prenne
plaisir
en
oisiveté?
Mesmes
de
quoy
servira-il
de
cognoistre
un
Dieu,
avec
lequel
nous
n'ayons
que
faire?
Plustost
la
cognoissance
que
nous
avons
de
luy,
doit
en
premier
lieu
nous
instruire
à
le
craindre
et
reverer:
puis
nous
enseigner
et
conduire
à
chercher
de
luy
tous
biens,
et
luy
en
rendre
la
louange.
Et
de
fait,
comment
Dieu
nous
peutil
venir
en
pensée,
que
nous
ne
pensions
quant
et
quant,
veu
que
nous
sommes
sa
facture,
que
de
droit
naturel
et
de
creation
nous
sommes
subiets
à
son
empire,
que
nostre
vie
luy
est
deue,
que
tout
ce
que
nous
entreprenons
et
faisons
se
doit
rapporter
à
luy?
Puis
qu'ainsi
est,
il
s'ensuit
pour
certain
que
nostre
vie
est
mal-heureusement
corrompue,
sinon
que
nous
l'ordonnions
à
son
service:
veu
que
c'est
bien
raison
que
sa
seule
volonté
nous
serve
de
loy.
D'autre
part
il
est
impossible
d'appercevoir
clairement
quel
est
Dieu,
sans
le
cognoistre
source
et
origine
de
tous
biens:
dont
les
hommes
seroyent
incitez
d'adherer
à
luy
et
y
mettre
leur
fiance,
sinon
que
leur
propre
malice
les
destournast
de
s'enquerir
de
ce
qui
est
bon
et
droit.
Car
pour
le
premier,
l'ame
bien
reiglée
ne
se
forge
point
un
Dieu
tel
quel:
mais
regarde
celuy
qui
est
vray
Dieu
et
unique.
Puis
apres
elle
n'imagine
point
de
luy
ce
que
bon
luy
semble
mais
elle
se
contente
de
l'avoir
tel
que
luy-mesme
se
manifeste,
et
se
garde
soigneusement
de
ne
point
sortir
par
une
folle
audace
et
temerité
hors
de
ce
qu'il
a
declairé,
pour
vaguer
çà
ne
là.
Ayant
ainsi
cogneu
Dieu,
pource
qu'elle
sait
qu'il
gouverne
tout,
elle
se
confie
d'estre
en
la
garde
et
protection
d'iceluy,
et
ainsi
elle
se
remet
du
tout
en
sa
garde:
pource
qu'elle
le
cognoit
autheur
de
tous
biens,
si
tost
[1541
p.
4;
1551
s.
§.
5.]
Nous
metons
hors
de
doubte,
qu'il
y
a
en
l’esprit
humain
d'une
inclination
naturelle
quelque
sentiment
de
divinité,
afin
que
nul
n'eust
son
refuge
a
pretendre
ignorance.
Le
Seigneur
a
inspiré
à
tous
quelque
intelligence
de
sa
maiesté:
à
fin
que
tous
ayans
entendu
qu'il
est
un
Dieu,
et
qu'iceluy
est
leur
createur,
soient
condemnez
par
leur
propre
tesmoignage,
de
ce
qu'ilz
ne
l’auront
point
honoré,
et
qu'ilz
n'auront
point
dedyé,
leur
vie
à
faire
sa
volunté.
Certes
si
on
cherche
quelque
part
entre
les
hommes
telle
ignorance
que
Dieu
ne
soit
point
congneu
du
tout:
il
est
vray
semblable
que
l'exemple
ne
s'en
debvroit
trouver
nulle
part
plustost
qu'entre
les
peuples
les
plus
rudes,
et
les
plus
eslongnez
de
civilité
et
humanité.
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