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SUR
LE
DEUTER.
CHAP.
XXXII.
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comme
Dieu
espand
ses
benedictions
spirituelles
sur
nous.
Estans
ainsi
rassasiez,
quelle
recognoissance
luy
en
faisons-nous?
Ne
voit-on
pas
que
nous
mettons
tout
en
oubli?
Il
semble
que
nous
vueillions
gourmander
les
benefices
de
Dieu
pour
nous
mocquer
de
luy.
De
l'orgueil,
ne
voit-on
pas
quel
il
est
en
la
plus
part?
Souffrons-nous
d'estre
conduits
sous
la
main
de
Dieu?
si
tost
qu'on
nous
remonstre
nos
fautes,
nous
grincerons
les
dents,
il
n'y
a
celuy
qui
vueille
estre
donto.
Il
est
vray
que
nous
confesserons
bien
en
general,
que
c'est
raison
que
Dieu
gouverne,
et
que
nous
soyons
conduits
et
adressez
par
sa
parolle:
mais
quand
ce
vient
a
la
prattique,
nul
n'en
veut
manger:
et
cependant
chacun
lache
la
bride
a
ses
appettis,
et
nous
plongeons,
et
sommes
enyvrez
en
nos
delices.
Il
y
a
aussi
bien
la
cruaute.
Maintenant
ou
se
trouveront
ceux
qui
ne
demandent
qu'a
communiquer
tellement
avec
leurs
prochains,
qu'ils
subviennent
a
l'indigence
des
povres?
Nous
voyons
tout
l'opposite.
Pensons-nous
que
Dieu
dorme
cependant?
Pensons-nous
qu'il
ait
double
mesure
pour
iuger?
Et
ainsi
(comme
desia
i'ay
monstre)
nous
ne
gagnerons
rien
en
nous
flattant:
mais
tousiours
Dieu
nous
trouvera
semblables
a
ceux
de
Sodome
et
de
Gomorrhe,
quand
nous
aurons
falsifie
sa
parolle,
et
que
nous
luy
aurons
este
rebelles,
et
qu'au
lieu
de
nous
dedier
a
luy,
nous
aurons
mene
une
vie
prophane
et
dissolue.
Voila
ce
que
nous
avons
a
noter
en
premier
lieu.
Et
puis
notons
bien
aussi
ce
qu'il
accompare
le
fruict
de
Sodome
et
de
Gomorrhe
au
fiel,
ou
au
venin
d'aspic,
au
venin
cruel
de
dragon
et
a
toute
amertume.
Car
par
cela
il
signifie,
que
quand
nous
vivons
mal,
c'est
autant
comme
si
nous
abbreuvions
Dieu
de
venin,
ou
que
nous
le
voulussions
empoisonner.
Il
est
vray
que
Dieu
n'est
point
subiet
a
ces
choses:
mais
si
est-ce
qu'il
ne
tient
pas
a
nous.
Or
ie
vous
prie,
quand
un
enfant
presenteroit
du
fiel
d'aspic
a
son
pere,
et
toute
amertume,
chacun
n'auroit-
il
point
un
tel
monstre
comme
detestable?
Ne
diroit-on
pas
qu'il
est
digne
qu'un
chacun
se
leve
contre
luy
pour
l'exterminer?
Or
voici
nostre
Dieu
qui
se
plaint,
quand
nous
ne
luy
avons
point
apporte
le
fruict
qu'il
demande
de
nous,
c'est
comme
si
nous
l'abreuvions
de
toute
amertume,
si
nous
le
voulions
crever
de
fiel,
et
de
poison
d'aspic.
Si
cela
estoit
poise
comme
il
le
merite,
il
est
certain
que
nous
serions
autrement
retenus
que
nous
ne
sommes
pas:
quand
le
diable
nous
touche,
et
nous
sollicite
k
mal,
si
ceste
doctrine
nous
venoit
en
memoire:
Comment?
abreuveras-tu
ton
Dieu
de
fiel
d'aspic,
et
de
venin
cruel?
11
est
certain
que
nous
ne
serions
pas
si
stupides,
que
nostre
coeur
ne
fust
amoli,
et
que
nous
ne
pensissions
a
nous.
Mais
quoy?
Le
diable
nous
ensorcelle,
tellement
que
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