6:449 TRAICTE DES RELIQUES. luy, aussi maintenant ilz Pont convertie en troys verges. Il peut bien estre qu'ilz ont beaucoup d'autres manicles de l'ancien Testament; mais il suffit d'en avoir touche ce mot la, pour monstrer qu'ilz se sont portez aussi loyallement en cest endroict qu'en tout le reste. Ie prie maintenant les lecteurs d'avoir souvenance de ce que i'ay dit du commencement: c'est que ie n'ay pas eu des commissaires pour visiter les sacristies de^tous les pays, dont i'ay faict par cy dessus mention. Pourtant il ne faut point prendre ce que fay dit des reliques, comme un registre ou inventoire entier de ce qui s'en pourroit trouver. Ie n'ay nomme d'Allemaigne qu'environ demy douzeine de villes. Ie n'en ay nomme d'Hespaigne que trois, que ie sache; d'Italie, environ une quinzaine; de France, de trente a quarante. Et de celles la encores n'ay ie pas 1) tout ce qui en est. Que chascun donc face coniecture en soy mesme quel tripotaige [page IOB] ce seroit, si on mettoit par ordre la multitude des reliques qui sont par toute la chrestiente. Ie dis seulement des pais qui nous sont congneuz et ou nous hantons. Oar le principal est de noter que toutes les reliques qu'on monstre de Iesus Christ par deca2) et des Prophetes, on les trouvera aussi bien en Grece et en Asie, et aux autres regions ou il y a des eglises chrestiennes. Or, ie demande maintenant" quand les chrestiens de l'eglise orientale disent que tout ce que nous en pensons avoir est par devers eux, quelle resolution pourra on prendre la dessus? Si on leur contredit, allegant qu'un tel corps sainct fut apporte par des marchans; l'autre par des moynes, l'autre par un evesque; une partie de la couronne d'espines fut envoyee a un Roy de France par l'empereur de Constantinoble, l'autre conquise par guerre, et ainsi de chascune piece, ilz hocheront la teste en se moquant. Comment vuydera on ces querelles ? car, en cause doubteuse, il faudra iuger par coniectures. Or, en ce faisant, ilz gaigneront tousiours. Car [page 104] ce qu'ilz ont a dire de leur coste est plus vraysemblable que tout ce qu'on pourra pretendre du coste de par deca. C'est Un poinct fascheux a demesler pour ceux qui voudront defendre les reliques. Pour faire fin, ie prie et exhorte, au Nom de Dieu, tous lecteurs de vouloir entendre a la verite pendant qu'elle leur est tant ouvertement monstree, et congnoistre que cela s'est faict par une singuliere providence de Dieu, que ceux qui ont voulu ainsi seduire le povre monde ont este tant aveuglez, qu'ilz n'ont point pense a couvrir autrement leurs 1) n'ay ie pas dit 1563 sutv. 2) in Europa G Calvini opera* Vol. VI.