5:446 doibt servir a nous confermer en Foy et advancer en purete (Je vie. Pourtant, ceste coustume doibt estre en toutes Esglises bien ordonnees, de celebrer souvent la Cene tant que la capacite du peuple le peut porter. Et un chascun particulier a son endroit se doibt preparer a la recevoir [pag. 36] toutes les foys qu'elle est administree en la congregation: sinon qu'il y ayt grand empeschement qui le contraingne de s'en abstenir. Combien que nous n'ayons pas commandement expres qui nous definisse le temps et le iour, il nous doibt suffire de congnoistre l'intention de nostre Seigneur estre telle, que nous en usions souvent, autrementl) nous ne congnoissons pas bien l'utilite qui nous en vient. Les excuses que aucuns alleguent au contraire, sont trop frivolles. Les uns disent qu'ilz ne se trouvent pas dignes, et soubz umbre de cela s'en abstienent toute l'annee; les autres ne se contentent pas de regarder leur dignite,2) mais pretendent qu'ilz ne pourroient communiquer avec plusieurs qu'ilz y voient venir sans se bien preparer. Aucuns aussi pensent que c'est chose superflue d'en user souvent, pource que si nous avons une foys receu Iesus Christ, il n'est ia mestier de retourner si tost apres a le recevoir. Ie demande aux premiers qui se couvrent [pag. 37] de leur indignite, comme3) leur conscience peut souffrir de demeurer plus d'un an en si povre estat, que de n'oser invocquer Dieu droictement? Car ilz me confesseront que c'est temerite d'invocquer Dieu pour nostre pere, si nous ne sommes membres de Iesus Christ. Ce qui ne peut estre, que la substance et verite de la Cene ne soit accomplye en nous. Or, si nous avons la verite, nous sommes par plus forte raison capables de recevoir le signe. On voit doncq que celuy qui se veult exempter de recevoir la Cene, comme indigne, se bannit de prier Dieu. Au reste, ie n'entens pas de forcer les consciences qui sont tormentees de quelques scrupules, a ce qu'elles se ingerent sans scavoir comment; mais plustost leur conseille d'attendre que le Seigneur les ayt delivrees. Semblablement, s'il y a cause legitime qui empesche, ie ne nye pas qu'il ne soit loysible de differer. Seulement, ie veux monstrer que nul ne doibt longuement acquiescer en cela, de s'abstenir [pag. 38] de la Cene a cause de son indignite. Veu qu'en ce faisant il se prive de la communion de l'Esglise, en laquelle gist tout nostre bien. Plustost, qu'il s'efforce de combattre contre tous les empeschemens que le Diable luy mettra en avant, 1) La premiere edition (1541) met: et que autrement, ce qui est evidemment une faute. 2) Cette lecon se trouve dans les plus anciennes editions (1541. 1542). A partir de 1549 on lit: indignite. La traduction a mis : Alii non tantum quam indigni sint considerant, etc??3) comment 1549 ss.