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DE
LA
CENE.
recevans
et
aoceptans
les
promesses
qui
nous
sont
donnees
de
luy
pour
certaines
et
asseurees;
renonceans,
d'autrepart,
a
toute
fiance
contraire,
a
fin
que
en
nous
deffiant
de
nous
et
de
toutes
creatures,
nous
reposions
*)
plainement
en
luy,
et
nous
contentions
de
sa
seule
grace.
Or,
pource
que
cela
ne
peut
estre,
que
nous
ne
cognoissions
la
necessite
que
nous
avons
qu'il
nous
sub
viene,
il
est
mestier
que
nous
soyons
aussi
touchez
vivement
au
dedans
du
cueur
[pag.
28]
d'un
vray
sentiment
de
nostre
misere,
lequel
nous
face
avoir
faim
et
soif
de
luy.
Et
de
faict,
quelle
moequerie
seroifc-ce
de
venir
cercher
la
viande
sans
appetit?
Or,
pour
avoir
bon
appetit,
il
ne
suffit
pas
que
l'estomach
soit
vuide:
mais
il
est
requis
qu'il
soit
bien
dispose,
et
capable
de
recevoir
sa
nourriture.
De
cela
doncq
il
s'ensuit
que
noz
ames
doivent
estre
pressees
de
famine,
et
avoir
un
desir
et
zele
ardent
d'estre
repeues,
pour
bien
trouver
leur
nourriture
en
la
Cene
du
Seigneur.
D'avantaige,
il
est
a
noter
que
nous
ne
povons
desirer
Iesus
Christ
sans
aspirer
a
la
iustice
de
Dieu,
laquelle
gist
en
Pabnegation
de
nous
mesmes,
et
obeissance
de
sa
volunte.
Car
il
n'y
a
ordre
que
nous
pretendions
d'estre
du
corps
de
Christ,
nous
abandonnant
a
toute
licence,
et
menant
une
vie
dissolue.
Puis
qu'en
Christ
il
n'y
a
que
chastete,
benignite,
sobriete,
verite,
humilite,
et
toutes
telles
vertus:
si
nous
voulions
estre
ses
membres,
il
fault
que
toute
paillardise,
haultesse,
intemperance,
[pag.
29]
mensonge,
orgueil
et
semblables
vices
soient
loing
de
nous.
Car
nous
ne
povons
mesler
ces
choses
avec
luy,
sans
luy
faire
grand
deshonneur
et
opprobre.
Il
nous
doibt
tousiours
souvenir
qu'il
n'y
a
non
plus
de
convenance
entre
luy
et
iniquite,
qu'entre
la
clarte
et
les
tenebres.
Voy-la
doncq
comme
nous
y
viendrons
en
vraye
repentance,
si
nous
tendons
a
cela,
que
nostre
vie
soit
faicte
conforme
a
l'exemple
de
Iesus
Christ.
Toutesfoys,
combien
que
cela
soit
general
en
toutes
les
parties
de
nostre
vie,
si
a-il
specialement
lieu
en
charite,
comme
elle
nous
est
sur
tout
recommandee
en
ce
Sacrement;
pour
laquelle
raison
il
est
nomme
le
lien
d'icelle.
Car
comme
le
pain
qui
est
la
sanctifie
pour
l'usage
commun
de
nous
tous,
est
faict
de
plusieurs
grains
tellement
meslez
ensemble,
qu'on
ne
scauroit
discerner
l'un
de
l'autre,
ainsi
devons
nous
estre
unis
entre
nous
d'une
amitie
indissoluble.
Et
qui
plus
est,
nous
recevons
la
tout
un
mesme
[pag.
30]
corps
de
Christ,
a
fin
d'en
estre
faictz
membres.
Si
nous
avons
doncq
dissentions
et
disoords
ensemble,
il
ne
tient
pas
a
nous
que
Iesus
Christ
ne
soit
descire
par
pieces:
et
serons
coulpables
d'un
mesme
sacrilege,
comme
si
nous
l'avions
faict.
Il
ne
fault
pas
doncq
que
nous
presumions
1)
nous
nous
reposions,
1549
ss.
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