8:440 n'estre pas traictez de Dieu comme ils desirent, ou se repentent d'avoir bien commence, monstrent bien qu'ils n'ont pas suyvi le conseil de nostre Seigneur Iesus, qui est de bien compter, quand on commence un bastiment, ce qu'il pourra couster a. le parfaire, a fin qu'on ne se fasche point d'y avoir trop despendu, et que par ce moyen l'ouvrage demeure imparfaict. Qui pis est, la plus part de ceulx qui se lassent ainsi au milieu [f. 71] du chemin, le font sans propos. En quoy ils se monstrent trop impudens. Car ceulx qui n'avoyent maisons ne champs, et ausquels c'estoit tout un d'habiter en leur pais ou au bout du monde, n'auront point de honte de reprocher a Dieu qu'ils ont quiete ceci ou cela. Mais encores prenons le cas qu'ils ayent perdu de leur bien pour l'Evangile, toutesfois c'est une mocquerie de priser un sols plus qu'un escu. Cependant, on n'oira autre chose que ces murmures: et pleust a Dieu que telles gens fassent bien a leur aise fort loing de nous! Tant y a que ni povres ni riches n'ont iuste excuse de se desbaucher pour les afflictions qui leur adviennent en suyvant Dieu. Or, pource que cela nous est bien difficile, le remede nous est monstre au Pseaulme 84 (v. 6), la ou David, apres avoir dit: Bien-heureux est l'homme qui espere en Dieu, adiouste: et au cueur duquel sont les sentiers. Comme s'il disoit, qui ha son cueur addonne a cheminer selon que Dieu le commande. Voyla donc deux choses qui ne se doibvent point separer l'une de l'autre: de mettre nostre esperance en Dieu, et d'aller le droict chemin. Parquoy, selon que nostre fragilite nous empesche de marcher en avant, ou mesme qu'elle nous rend si lasches que nous serions tous les coups contens de tourner bride, fortifions-nous en foy et en esperance, prians nostre bon Dieu qu'il nous face tellement regarder a luy, que rien ne nous trouble quand nous serons fondez en ses promesses, par lesquelles il nous asseure d'estre avec nous, et en la vie et en la mort.