8:439 439 QUATRE SERMONS. 440 beaucoup dc choses peuvent advenir avec le temps et adviennent de faict, lesquelles pourroyent descourager ceulx qui auroyent eu un grand zele. Ceulx qui se rangent aux Eglises [f. 70] de Dieu ne sont pas tousiours receus comme ils le meritent. Souvent l'ordre est perverti, en sorte que ceulx qui seroyent dignes d'estre les plus avancez sont reculez. Telle tentation seroit pour les faire aussi reculer de leur salut en delaissant le bon train qu'ils ont commence, s'ils ne prenoyent leur contentement d'estre plustost les derniers et les plus contemptibles en la maison de Dieu, que d'en estre forclos. Ainsi que tous bons fideles n'ayans point ce qu'ils pourroyent bien souhaiter, mais au contraire se sentans fasehez en beaucoup de sortes pour avoir quiete leur pais, apprennent de se consoler en ce seul mot: Si sommes-nous toutesfois en la maison de Dieu. Maintenant, que les mondains se mocquent de nous tant qu'ils vouldront, et qu'ils nous blasonnent en leur orgueil comme gens mesprisez, e'est assez que Dieu nous fait cest honneur de nous tenir de son Palais et de son Sanctuaire. Nous voyons quelle peine prennent ces fols ambicieux pour estre advouez de la maison de quelque prince, et se reputent bien-heureux s'ils peuvent entrer soulement en la cuisine et en la salle. Or quand nous serons les plus reiectez qu'il est possible de dire selon le monde, moyennant que nous soyons de l'Eglise de Dieu, il nous introduit avec telle privaute aux grans secrets et admirables de sa sagesse, comme un pere se communique a ses enfans. Nous sommes trop mal gracieux si ceste recompense ne nous satisfait. Vray est que les fideles pourront bien estre tentez et picquez quand leurs affaires iront en arriere et que les meschans triompheront en toute prosperite: mais quand ils considerent, a l'opposite, que Dieu les a choisis de sa maison et qu'il les y retient, ceste consolation vault bien peu, si elle n'est pour appaiser tous les regrets et ennuis dont ils peuvent estre agitez. Et de faict, ceulx qui murmurent et se despitent pour