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quelqu'un
allegue
qu'on
peut
bien
parvenir
au
royaume
des
cieulx
sans
abandonner
sa
maison,
ie
respon
que
ce
n'est
pas
sans
cause
que
nostre
Seigneur
appelle
ainsi
la
predication
de
l'Evangile
(Matth.
10,
7;
Luc.
9,
2).
Ceulx
donc
qui
en
sont
desnuez
et
ne
tiennent
compte
de
cercher
tous
les
moyens
qu'il
est
possible
d'en
iouir,
monstrent
bien
qu'ils
sont
par
trop
acharnez
aux
biens
du
monde,
et
qu'ils
ne
sont
pas
encores
disposez
a
en
faire
eschange
avec
le
royaume
des
cieulx.
S'ils
pouvoyent
posseder
les
deux
ensemble,
ie
ne
leur
en
porteroye
point
d'envie.
Mais
s'ils
ne
peuvent
[f.
69]
retenir
leur
possession
et
cropir
sur
leur
nid
sans
se
frauder
de
la
pasture
des
enfans
de
Dieu,
mesmes
s'ils
ne
peuvent
se
maintenir
en
l'estat
auquel
ils
sont
sans
se
retrancher
de
l'Eglise,
c'est
a
eulx
de
regarder
a
la
necessite
que
Dieu
leur
impose.
Il
leur
est
facile
d'amener
des
excuses
telles
quelles;
mais
tout
cela
ne
leur
servira
rien
quand
le
grand
Iuge
tonnera
de
sa
voix
horrible
sur
tous
ceulx
qui
auront
mieulx
aime
la
vie
terrienne,
laquelle
nous
est
commune
avec
les
bestes
brutes,
que
l'heritage
eternel,
lequel
il
a
desdie
a,
ses
enfans.
C'est
une
chose
estrange,
que
plusieurs
nous
cuident
clorre
la
bouche
si
nous
ne
leur
assignons
estat
et
moyen
de
vivre
en
servant
a
Dieu,
Ma
condition,
diront-ils,
est
telle
au
pais:
si
ie
la
laisse,
que
deviendray-ie,
ou
comment
seray-ie
nourri?
Comme
si
Dieu
avoit
ordonne
ceulx
qui
preschent
l'Evangile
maistres
d'hostel
pour
coucher
en
ses
estas
les
ungs
et
les
autres,
et
donner
a.
chascun
selon
sa
qualite,
pension
et
gages.
Si
nous
povons
aider
de
conseil
et
addresse,
nous
sommes
bien
tenus
de
le
faire,
encores
qu'on
ne
nous
en
requist
point:
mais
s'il
n'est
pas
en
nous,
est-ce
a
dire
que
nous
ayons
perdu
la
liberte
d'enseigner
a
chascun
ce
que
Dieu
luy
commande?
Combien
que
s'ils
avoyent
apprins
et
retenu
ceste
doctrine
de
David,
d'aimer
mieulx
un
petit
anglet
au
sueil
du
Temple
de
Dieu
que
les
lieux
les
plus
haults
et
les
plus
honorables
qu'ils
pourroyent
choisir
entre
les
infideles,
ils
ne
se
trouveroyent
pas
si
empeschez
a
prendre
conseil.
Mais
le
mal
est
qu'ils
se
veulent
tenir
en
leur
entier,
et
ne
peuvent
souffrir
d'estre
amoindris
en
honneurs
et
richesses,
ni
estre
privez
de
leurs
aises
et
delices,
c'est
a
dire
qu'ils
ne
peuvent
plier
le
col
et
se
courber
pour
porter
Iesus
Christ.
Qu'ils
plaident
la
dessus
tant
qu'ils
vouldront,
si
fauldra-il
a
la
fin
qu'ils
perdent
leur
cause.
Quant
a
ceulx
qui
ont
desia
quiete
leur
pais
pour
venir
en
lieu
ou
ils
puissent
franchement
servir
a
Dieu,
et
ou
la
verite
de
l'Evangile
leur
soit
fidelement
preschee,
il
est
bien
mestier
qu'ils
reduisent
souvent
en
memoire
ceste
sentence,
pour
s'exercer
de
iour
en
iour
a
la
practique
d'icelle,
et
s'y
endurcir
par
longue
accoustumance.
Car
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