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SERMON
V
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de
s'enrichir,
estant
en
cest
estat,
il
sera
comme
un
macquignon
pour
farder
et
corrompre
la
parole
de
Dieu:
il
voudra
complaire
a
l'un,
il
voudra
contenter
l'autre
:
brief,
il
ne
fera
que
desguiser
et
falsifier
tout:
ou
bien
il
desguisera
les
choses
en
telle
sorte,
qu'il
ne
demandera
sinon
de
caller
la
voile:
il
regardera
en
quoy
il
pourra
profiter,
afin
d'attirer
la
farine
au
moulin,
comme
on
dit.
Et
pourtant
si
l'avarice
regne
aux
Ministres
de
la
parole,
il
est
certain
qu'ils
seront
faussaires,
et
ne
feront
que
pervertir
la
bonne
doctrine,
et
convertir
la
verite
en
mensonge.
Voila
donc
ce
que
nous
avons
a
retenir
en
premier
lieu,
quand
sainct
Faul
ne
nomme
point
les
vertus,
sinon
en
commencant
par
ce
bout,
que
ceux
qui
voudront
loyaument
s'acquitter
de
leur
devoir,
edifiant
l'Eglise
de
Dieu,
qu'il
faut
qu'ils
s'abstienent
de
tous
crimes
et
de
tous
vices
qui
sont
enormes,
et
qui
sont
du
tout
insupportables
en
cest
estat
et
office.
Or
quant
et
quant
il
adiouste
les
vertus,
que
celuy
qui
est
pour
anoncer
la
parole
de
Dieu,
soit
amiable
envers
les
estrangers,
et
qu'il
les
recoive
humainement.
Ceci
doit
estre
observe
en
tout
temps:
mais
(comme
nous
avons
declare
ci
dessus
en
l'Epistre
a
Timothee)
il
y
avoit
une
raison
speciale
lors,
d'autant
que
les
povres
fideles
estoyent
comme
oiseaux
sur
la
branche,
qu'il
faloit
que
par
volees
ils
allassent
d'un
lieu
a
autre,
selon
que
les
persecutions
s'elevoyent,
et
que
les
feux
estoyent
allumez,
une
bande
se
levoit,
et
s'en
alloit
en
une
autre
ville,
et
la
ou
ils
pouvoyent:
que
mesmes
ils
estoyent
contraints
de
s'exposer
le
plus
souvent
a
la
mort.
Il
y
avoit
donc
la
grande
compassion.
Ainsi
ce
n'est
point
sans
cause
que
sainct
Paul
requiert
que
l'Evesque
qui
devoit
estre
comme
pere
de
l'Eglise,
fust
un
homme
liberal
et
amiable
aux
estrangers,
pour
les
recevoir
benignement.
C'est
en
premier
lieu
ce
que
nous
avons
a
observer.
Pour
le
second,
il
adiouste
qu'ils
ayent
bonte.
Et
ceste
vertu
est
coniointe
a
celle
que
nous
venons
de
dire.
Car
combien
que
sainct
Paul
met
ici
un
mot,
tant
y
a
qu'il
emporte
l'amour
d'humanite,
et
la
bonne
affection
qu'on
a
de
bien
faire
a
ceux
qui
sont
en
necessite,
et
d'y
appliquer
son
estude.
Celuy
donc
qui
est
inhumain,
qui
n'a
nulle
pitie,
qui
ee
tiendra
a
son
aise,
ne
regardant
point
aux
autres,
il
est
impossible
qu'il
ait
la
vertu
de
recevoir
humainement
ceux
qui
sont
persecutez
et
affligez.
Voila
pourquoy
S.
Paul
a
conioint
ces
deux
vertus.
Il
met
quant
et
quant,
sobre,
iuste,
sainct,
attrempe.
La
sobriete
se
rapporte
au
vivre.
Il
y
a
puis
apres
la
iustice,
qui
est
droiture,
quand
un
homme
regarde
de
rendre
a
chacun
son
droict,
qui
ne
voudroit
point
pour
mourir
avoir
fait
aucun
tort,
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