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i'ay
des
amis
qui
me
font
du
bien,
ie
suis
aehalande
pour
vivre
de
mon
labeur;
que
feray-ie
en
pais
estrange,
sans
denier
ne
maille,
estant
incogneu,
n'ayant
faveur
ne
support?
Et
peut
estre
que
ces
excuses
seront
en
partie
veritables;
et
sans
enquerir
plus
oultre,
i'accorde
a
tous
que
c'est
une
chose
bien
fascheuse
de
quicter
non
seulement
le
pais
de
sa
naissance,
mais
un
lieu
auquel
on
soit
habitue.
Tant
y
a
qu'ils
songent
comment
ils
se
pourront
mettre
des
empeschemens
au
devant
pour
ne
point
venir
a
Dieu.
C'est
a
dire,
combien
qu'ils
ne
trouvent
pas
les
choses
tant
difficiles
qu'ils
les
font,
qu'ils
sont
bi^n
aises
de
se
couvrir
en
pretendant
des
couleurs
telles
quelles.
Qui
plus
est,
quand
ils
ont
faict
ces
belles
complainctes,
il
leur
semble
qu'ils
on
ferme
la
bouche
a
Dieu:
et
que
s'il
les
presse
plus
oultre,
qu'il
leur
fait
grand
tort,
comme
s'il
les
contraignoit
a
chose
impossible.
A
ceci
ie
n'ay
autre
response
que
ce
qui
est
escrit
au
Pseaulme
84
(v.
7),
a
scavoir:
que
les
fideles
passans
par
les
vallees
seiches
et
par
les
desers
pour
venir
au
Temple
de
Dieu,
se
fouiront
des
puits
ou
des
cisternes.
Et
ie
croy
que
c'est
bien
assez
pour
dompter
ceulx
qui
ne
vouldront,
par
certaine
malice,
se
rebecquer
contre
Dieu.
Pourtant,
que
ceulx
qui
se
voyent
tellement
assiegez
de
difficultez
qu'il
n'y
a
ne
voye
ne
sentier,
se
souviennent
que
mesmes
les
desers
ou
il
ne
se
trouvera
point
une
goutte
d'eaue
ne
leur
doivent
clorre
le
passage.
Pour
avoir
plus
claire
intelligence
de
ce
propos,
notons
que
Dieu
se
fait
cercher
de
ses
enfans,
non
point
par
belles
prairies
ni
par
ombrages
beaux
et
plaisans,
mais
parmi
des
chemins
aspres
et
raboteux,
parmi
des
sablonnieres
ou
des
landes,
parmi
des
regions
laides
et
hideuses,
et
le
tout
pour
exercer
leur
foy,
pour
approuver
le
zele
et
le
desir
qu'ils
ont
de
parvenir
a
luy.
Combien
donc
que
nous
ne
puissions
venir
a
Dieu
sans
passer
par
quelque
desert
ou
chemin
sauvage,
cognoissons
que
ce
n'est
pas
du
[f.
65]
iourd'huy
que
Dieu
traicte
ainsi
ses
fideles,
et
prenons
courage
a
ensuyvre
ceulx
qui
nous
ont
precedez
de
long
temps.
Le
second
poinct
est
qu'il
y
doibt
avoir
une
telle
et
si
grande
ardeur
aux
enfans
de
Dieu,
que
rien
ne
les
destourne
de
le
venir
adorer.
Ce
qui
se
voit
auiourd'huy
en
bien
peu:
mesmes
quasi
tous
sont
si
delicas,
qu'il
no
fault
qu'un
festu
(par
maniere
de
dire)
pour
les
arrester
tout
court.
Ie
ne
puis
passer
oultre,
diront-ils.
Pourquoy?
D'autant
qu'ils
ne
daignent
prendre
la
peine
d'eniamber
par
dessus
un
petit
empeschement.
Il
fault
dire
que
le
zele
est
bien
debile,
quand
il
s'abbat
pour
si
peu.
Or
tant
s'en
fault
qu'il
nous
faille
estre
esperdus
si
aiseement,
que
nous
debvons
estre
munis
contre
les
plus
grans
obstacles
du
monde.
Pour
ce
faire,
recordons
ceste
lecon,
que
Dieu
n'advoue
pour
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