8:432 secourus, nous ne reiections point le secours que Dieu nous offre. Il y en a d'aucuns qui se desgoustent encores plus expresseement. Qu'ironsnous, disent-ils, faire en une Eglise ou nous verrons des troubles et scandales qui nous [f. 62] sont maintenant incogneus? Si aux lieux ou on presche l'Evangile il y avoit telle police qu'il seroit bien requis pour nous edifier, et que nous fussions asseurez de n'y trouver que des anges qui nous menassent en Paradis, nous serions esmeus d'y courir; mais quand nous serons la venus, nous orrons parler de beaucoup de choses qui ne feront que nous scandalizer, et en verrons plus qu'il ne seroit besoing. Il y aura force gens desbauchez qui diffamcnt l'Evangile par leur vie dissolue. Les vanitez, les pompes, les yvrongneries et choses semblables y auront leur vogue par trop. Qui pis est, plusieurs se monstreront contempteurs de Dieu si enormes, qu'on y verra une plus grande impiete qu'entre les Papistes. Il y aura aussi bien des abus et corruptions en la iustice qu'ailleurs; mesme on verra beaucoup a redire en l'estat des prescheurs. Les uns seront nonchalans, ou bien ils seront si bien empeschez a leur proufit particulier, qu'il ne leur chaulra gueres de leur office. Qui pis est, il y a des gaudisseurs qui ne demandent qu'a faire grand' chere, et se font complices des plus me^ schans pour avoir licence de vivre a leur poste. Prenons le cas qu'il y ait dix fois pis: si est-ce tousiours une excuse frivole a ceulx qui se mettent une barre pour ne point approcher de l'Eglise de Dieu. Qu'ainsi soit, arrestons nos yeulx a l'exemple de David. Ie vous prie, du temps de Saul, y avoit-il une telle droicture en l'estat de iustice comme on la pourroit souhaiter? Au contraire, nous oyons les complainctes qu'il fait souvent de la malice, des fraudes, de la cruaulte et orgueil, tant du Roy que de ses officiers. Les Sacrificateurs et Levites se portoyent-ils si sainctement qu'il eust occasion de s'en contenter? Mais plustost nous povons recueillir qu'une grande partie adheroit au mal, et nourrissoit les iniquitez en les flatant. Au commun peuple il y avoit beaucoup d'hypocrisie et beaucoup de vices tout manifestes. Voyla donc l'Eglise de Dieu pleine de beaucoup de corruptions: toutesfois David n'est point degouste d'y entrer, et le desir qu'il en ha ne se refroidit point. La tentation est merveilleusement dure, ie le confesse: car selon que chascun est mieulx touche du zele de l'honneur de Dieu, d'autant ha il plus iuste raison de se contrister et ennuyer, voyant tels opprobres qu'on luy fait en polluant son Eglise. Mais le remede de surmonter tout cela nous est monstre par David, c'est de cercher [f. 63] la face de Dieu, et de prendre un tel contentement au seul regard d'icelle, que maulgre toutes les fascheries que satan