8:430 que l'on doibt aux Princes terriens, de vouloir que l'honneur et service du Roy celeste soit recule. Vray est qu'il a falu que les povres Iuifs demourassent en la servitude de Babylone iusques au terme qui leur estoit assigne. Mais que ces gens avec lesquels ie deba monstrent que nous soyons obligez a nous priver de nostre bon gre des biens spirituels que Dieu donne a ses enfans. Ils sentent la necessite qui les presse; leur infirmite les solicite; Dieu leur monstre le remede. Quelle raison y a-il qu'ils ne s'osent aider, a fin de complaire a ceulx qui leur arrachent le pain hors de la main? Il y a autre raison du mari envers la femme, ou de la femme envers le mari. Car d'autant que Dieu les a conioincts comme en une chair, l'un ne feroit pas bien d'abandonner l'autre soubs couleur de cercher Dieu. Non pas qu'ils se doibvent esloingner de luy pour s'entretenir [f. 60] ensemble; mais pource que chascun doibt mettre toute peine d'y attirer son compaignon. Voyci donc ce qu'ils ont a faire: c'est que le mari remonstre a sa femme combien ils sont malheureux d'estre separez de la compaignie des fideles, de n'avoir ni predications ni Sacremens, qui sont les gaiges pour nous rendre certains que Dieu habite avec nous. Sur cela, qu'il l'exhorte a prendre courage, et s'il ne la peut gaigner si tost qu'il vouldroit bien, qu'il ne se lasse point iusques a ce qu'il en soit venu a bout. Encores que la femme luy contrarie, qu'il ne laisse point de Timportuner iusques a ce qu'elle se monstre du tout obstinee. Si apres avoir tout faict ce qui estoit en luy, il ne se peut plus tenir la, il est franc et libre: car il s'est acquicte de son debvoir, et n'a pas tenu a luy que sa femme ne le suyvist comme elle y est tenue. Combien qu'un tel partement n'est pas un divorce; mais le mari va devant pour monstrer le chemin a sa femme. Quant est de la femme, elle ha encores un lien plus estroict, d'autant qu'elle n'est point le chef. Ainsi il fault qu'elle tasche par tous moyens qu'il luy sera possible, d'induire son mari a ce qu'il les mette tous deux en liberte. Ayant faict tout ce qu'elle aura peu, si n'est-elle pas quiete pour povoir laisser celuy auquel elle est subiecte, sinon que quelque persecution se levast, et qu'il y eust danger apparent, et sur tout si le mari estoit comme un boute feu, la poursuyvant a mort. Or, adonc elle ne se retire pas de son mari, mais elle fuit le mal qui luy seroit appreste et la rage des ennemis, selon la permission et le conge de Dieu. Brief, la contraincte qu'on luy fait la delivre et affranchit. Tant y a que nul regard du monde ne doibt retenir ne mari ne femme, mais seulement l'amour qu'ils se doibvent en Dieu pour procurer le salut l'un de l'autre. Car s'il fault qu'un homme s'oublie soy-mesme quant a ce qui concerne la vie terrienne