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IV.
DE
SERVIR
DIEU
LIBREMENT
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qu'on
les
impute
a
crime.
Mais
encores
regardons
si
la
necessite
n'excuse
pas.
Voyci
Dieu
qui
dit:
Cerchez
ma
face.
Les
Princes
terriens
se
rebecquent
a
l'encontre,
et
veulent
qu'on
luy
tourne
le
dos,
ou
bien
ils
privent
les
povres
ames
de
leur
pasture
ordinaire,
et,
au
lieu
de
la
face
de
Dieu,
mettent
devant
les
yeulx
des
masques
de
superstitions.
Fault-il
qu'ils
soyent
preferez
au
Dieu
vivant?
Si
on
escoute
Dieu,
il
fault
plustost
aller
mille
lieues
loing,
pour
veoir
sa
face
ou
il
la
monstre,
que
de
croupir
en
son
nid.
Ainsi
toutes
fois
et
quantes
que
les
Princes
attentent
rien
au
preiudice
de
celuy
qui
ha
toute
authorite
souveraine
par
dessus
eulx,
on
ne
leur
faict
nul
tort
en
luy
obeissant.
Combien
qu'oultre
ce
que
i'ay
dict,
telles
gens
monstrent
assez
qu'ils
n'ont
gueres
pense
a
leur
condition.
Quelle
est
la
captivite
en
laquelle
ils
sont
tenus?
Si
leur
conscience
n'estoit
par
trop
endormie,
il
seroit
impossible
qu'ils
ne
fussent
en
continuelle
destresse,
comme
si
on
les
tormentoit
en
la
gehenne.
Comment
leur
est-il
permis
de
faire
que
Dieu
soit
honore
en
leurs
mesnages?
Il
ne
fault
pas
aller
plus
loing.
Si
un
d'eulx
ha
quelque
enfant
qui
luy
naisse,
son
debvoir
est
de
PofFrir
a
Dieu,
avec
prieres
et
actions
de
graces,
demandant
[f.
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que
la
marque
de
salut
luy
soit
imprimee
en
son
corps
par
le
Baptesme.
Or,
nous
scavons
que
le
Baptesme
est
si
corrompu
en
la
Papaulte,
et
si
barbouille
de
superstitions
et
ordures,
qu'un
enfant
ne
le
peut
recevoir
sans
estre
pollue
quant
et
quant.
Ainsi,
un
pere
ne
scauroit
faire
baptizer
son
enfant
sans
pecher.
S'il
s'en
deporte,
autant
en
sera-ce,
et
n'y
eust-il
que
le
scandale
qu'il
donne
en
reiectant
le
Sacrement
que
le
Fils
de
Dieu
a
institue.
Quelle
perplexite
est-ce
la,
qu'on
ne
puisse
faire
ne
laisser
un
acte,
sans
que
Dieu
y
soit
offense!
Ie
laisse
le
reste,
pource
que
ce
seul
exemple
n'est
desia
que
trop.
Or
un
homme
aurail
langui
toute
sa
vie
ainsi
miserablement,
ne
scachant
de
quel
coste
se
tourner,
les
grans
assauls
seront
a
la
mort,
et
la
le
diable
aura
tout
son
equipage.
Si
le
povre
captif
a
este
par
le
temps
passe
empesche
de
servir
a
Dieu,
pour
le
regard
de
sa
femme
et
de
sa
famille,
c'est
adonc
pis
que
iamais.
Ceulx
qui
doubtent
s'il
leur
est
licite
de
sortir
d'un
tel
bourbier,
ou
plustost
d'un
tel
gouffre
d'enfer,
sous
ombre
de
la
subiection
qu'ils
ont
aux
Princes
terriens,
pervertissent
bien
tout
ordre
de
nature.
Il
est
bien
certain
que
la
priere
que
Dieu
veult
que
nous
luy
facions
pour
nos
princes
est
conforme
a
l'authorite
qu'il
leur
attribue
par
dessus
nous,
et
au
debvoir
auquel
il
nous
oblige
envers
eulx.
Or
sainct
Paul
exhorte
qu'on
prie
Dieu
pour
les
Rois
et
magistras,
a
fin
que
nous
menions
vie
paisible
en
toute
honnestete
et
crainte
de
Dieu.
C'est
donc
trop
estendu
la
subiection
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