8:427 427 QUATRE SERMONS. 428 estre contemple, au 4 de la seconde aux Corinthiens (v. 4). Les Sacremens ont une mesme nature, et en somme l'ordre tel que Dieu Fa mis en son Eglise. Pourtant, que les braves et orgueilleux de ce monde se mocquent tant qu'ils vouldront: mais puis que Dieu nous a faict ce bien de s'abbaisser a nous, n'ayons point de honte de porter cest honneur a sa parolle et a ses Sacremens: de le regarder la comme en face, non pas pour estre retenus icy bas aux elemens corruptibles du monde, comme les Papistes qui font des idoles de tous les signes que Dieu nous a donnez pour nous conduire a Iesus Christ: mais tant y a que pour iouir une fois pleinement de la presence de Dieu, il fault que nous tendions a luy par ces moyens inferieurs. Vray est qu'il ne nous fault pas prendre trop estroictement ce que ie di, comme si iamais les fideles n'approchoyent de Dieu, sinon quand ils viennent au temple: car cela seroit une superstition trop lourde. Mais i'enten qu'il ne nous fault point mettre Dieu par dessus les nues, comme font aucuns fantastiques, et speculer de sa haulte maieste ce que bon nous semble, laissant derriere tant la predication de l'Evangile que les autres moyens semblables: comme si on la povoit veoir en fermant les yeulx. Car a la verite, ceulx qui mesprisent l'usage que ie di, tant des Sacremens que de tout l'ordre de l'Eglise, ne daignent regarder Dieu quand il leur apparoist. Regardons maintenant combien il nous est necessaire que Dieu nous incite de venir a luy. Nous avons desia dict quelle grace et honneur il nous faict de nous convier si doulcement a soy pour avancer nostre salut, et nous amener a la vraye et parfaicte felicite, de laquelle nous sommes bien loing quant a nous. Mais nous avons aussi a noter que ce n'est pas sans grande necessite que Dieu nous pieque et sollicite pour nous garder d'estre malheureux. En premier lieu nous avons la veue tant esgaree que c'est pitie. Car il n'y a que les vanitez de ce monde qui occupent [f. 57] tous nos sens, et Satan ha des illusions infinies pour nous tromper. Vray est que toutes ses cautelles ne sont que mommeries ou ieux de farce et amuse-fols: mais l'experience monstre combien nous sommes fols ou insensez en nous laissans seduire par trop. Parquoy, si nous estions bien advisez, ceste voix de Dieu nous retentiroit tousiours aux oreilles: Cerchez ma face. Mais quoy? d'autant que Dieu est songneux de son coste, nous sommes paresseux et tardifs. Pleust a Dieu encores que nous ne fussions pas chevaulx retifs pour reculer au lieu d'avancer! Tant y a que cest exemple ne nous est pas propose en vain. Car la protestation que fait David d'avoir medite en son cueur ceste doctrine, que luy et tous fideles debvoyent cercher la face de Dieu, nous monstre a quoy nous debvons estudier,