8:422 Brief, Dieu n'ornet nul moyen pour avancer nostre salut. Craignons donc ceste reproche qu'il faict par son prophete Esaie au chapitre 65 (v, 2): I'ay tout le iour espandu mes bras a ce peuple rebelle. [f. 53J Si ceulx qui sont errans par les desers de la Papaulte ne seront point espargnez quand ils n'auront chemine droict, ie vous prie, que sera-ce de nous qui sommes nourris comme en la maison, soubs les yeulx de nostre Pere celeste? Les uns ont abandonne le pais de leur naissance pour se ranger yci en une Eglise Chrestienne; les autres ont eu plus de privilege, que Dieu les est venu visiter en leur nid: maintenant, si ceulx qui sont natifs du lieu ne recognoissent un tel bien pour se dedier du tout a Dieu, lequel s'est ainsi approche d'eulx, une telle ingratitude demeurera-elle impunie? Plustost qu'ils dient: Seigneur, tu as basti ton Temple et dresse ton autel au milieu de nous: fay nous doncques la grace de nous purifier, a fin que nous ne souillions point par nos ordures la sainctete de tes dons, et que nous ne tournions point en opprobre la gloire de tes benefices. Quant a ceulx qui sont venus de loing, qu'ils advisent de se gouverner sainctement comme en la maison de Dieu. Ils pouvoyent bien vivre ailleurs en desbauches, et ne faloit point qu'ils bougeassent de la Papaulte pour mener un train dissolu. Et de faict, il y en a aucuns ausquels il vauldroit mieux s'estre rompu le col, que d'avoir iamais mis le pied en. ceste Eglise pour s'y porter si mal. Les uns s'adioingnent aux gaudisseurs pour les endurcir en leur malice; les autres seront gourmans et yrongnes, les autres mutins et noiseux. Il y a des mesnages ou les maris et femmes sont comme chiens et chats: il y en a qui haulsent leurs estas et contrefont les seigneurs sans propos, sont addonnez a pompes et superfluitez mondaines. Les autres deviennent si delicas qu'ils ne scavent plus que c'est de travailler, et n'y a nul contentement pour la nourriture. Il y en a des mesdisans et detracteurs, qui trouveroyent a redire aux Anges de Paradis; et d'autant qu'ils crevent de vices, ils mettent toute leur sainctete a contreroler leurs prochains. Cependant il leur semble a tous que Dieu est bien tenu a eulx de ce qu'ils ont faict le voyage de Geneve, comme s'il n'eust pas mieulx valu qu'ils feussent demeurez sur leur fumier, que de venir faire tels scandales en l'Eglise de Dieu. Or s'il y a eu du mal par ci devant, que chascun pense a se reduire: et s'il v en a qui soyent du tout incorrigibles, que les enfans de Dieu se munissent de ceste doctrine, a fin de n'estre point infectez par leur mauvaise vie. Il nous doibt [f. 54] bien faire mal quand nous voyons l'Eglise de Dieu estre ainsi profanee. Mais puisqu'il nous fault estre comme le grain parmi la paille, prenons patience iusques a ce que Dieu nous 27*