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QUATRE
SERMONS.
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trecuidance
de
ceulx
qui
veulent
voltiger
en
Pair,
et
pretendent
de
monter
au
ciel
par
leurs
speculations,
en
mesprisant
les
sermons
et
l'usage
des
Sacremens,
comme
si
c'estoyent
choses
externes
et
non
pas
fort
requises.
Notez
bien,
mes
freres,
de
quelles
gens
ie
parle.
Ie
confesse
que
Dieu
garde
les
siens
sous
la
capitivite
de
l'Antechrist,
combien
qu'ils
soyent
destituez
des
aides
que
nous
avons
yci
en
liberte.
La
parolle
de
Dieu
ne
leur
est
point
preschee,
ils
n'ont
nul
lieu
ou
il
leur
soit
permis
de
faire
confession
de
leur
foy,
les
Sacremens
leur
sont
ostez;
mais
pource
qu'en
se
separant
des
abominations
de
l'Antechrist,
ils
souspirent
et
regrettent
de
n'avoir
point
ce
qui
leur
seroit
tant
et
plus
utile,
Dieu
besongne
en
eulx
par
la
vertu
de
son
Esprit,
et
supplie
ce
qui
y
default.
Mais
il
y
en
a
la
pluspart,
lesquels
estans
en
telle
desolation,
s'y
plaisent
neantmoins,
et,
estans
affamez,
n'ont
nul
appetit:
ce
sont
ceuix
qui
contrefont
les
philosophes,
se
contentans
d'avoir
leu
trois
pages
et
demie,
pour
dire
qu'ils
en
scavent
tout
ce
qu'il
en
fault
scavoir.
Telles
gens
(comme
il
leur
semble)
n'ont
point
besoing
d'estre
preschez.
De
la
Cene,
c'est
tout
un,
quand
iamais
ils
n'en
approcheront.
Quant
a
tout
ordre
exterieur
de
l'Eglise,
ils
le
renvoyent
aux
petis
enfans,
comme
s'il
estoit
trop
bas
pour
eulx.
Ie
vous
prie,
ne
fault-il
[f.
50]
pas
bien
que
telles
gens
soyent
plus
qu'aveugles?
Cependant,
encores
nous
accuseront-ils
de
ce
que
nous
exhortons
ceulx
ausquels
nostre
Seigneur
a
declare
sa
verite,
d'user
des
moyens
que
Dieu
ordonne
pour
l'accroissement,
conservation
et
perseverance
de
nostre
foy.
Et
pourquoy
cela,
sinon
d'autant
qu'ils
se
faschent
qu'on
les
resveille
pour
leur
faire
sentir
leur
mal?
Ie
pren
le
cas
qu'ils
n'idolatrent
point
avec
les
Papistes:
si
ne
peuvent-ils
nier
que
ce
ne
soit
une
mauldicte
servitude
de
ne
pouvoir
confesser
le
nom
de
Dieu
et
de
Iesus
Christ.
Le
sainct
Esprit
voulant
navrer
les
cueurs
des
fideles
qui
estoyent
captifs
en
Babylone,
leur
met
ceste
sentence
en
la
bouche:
Comment
chanterions-nous
les
louanges
du
Seigneur
en
terre
estrange?
(Pseaulme
137,
4.)
Ie
confesse
que
le
royaume
de
Dieu
est
auiourd'huy
partout,
et
qu'il
n'y
a
plus
de
distinction
entre
Iudee
et
les
autres
pais;
mais
ie
di
toutesfois
que
le
pais
ou
le
service
de
Dieu
est
aboli
et
la
religion
anneantie,
merite
bien
d'estre
tenu
pour
estrange
et
profane.
Il
fault
donc
que
ceulx
qui
n'ont
nul
regret
de
n'oser
faire
protestation
de
leur
foy
et
celebrer
le
nom
de
Dieu,
soyent
du
tout
hebetez.
Mais
que
les
enfans
de
Dieu
soyent
advertis,
par
ceste
remonstrance,
de
ne
se
point
estourdir
d'eulxmesmes.
Quant
a
ceulx
qui
babillent
en
se
mocquant
de
nous,
a
scavoir
si
on
ne
peut
aller
en
Paradis
qu'en
passant
par
Geneve,
ie
respon
que
pleust
a
Dieu
qu'ils
eussent
le
courage
de
s'assembler
|