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QUATRE
SERMONS.
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comme
aussi
a
l'opposite,
quand
il
remercie
Dieu
de
tous
les
biens
qu'il
lay
a
faicts,
apres
avoir
parle
du
boire
et
du
manger,
du
repos
et
des
commoditez
du
corps,
il
met
pour
conclusion
qu'il
habitera
au
Temple
de
Dieu
(Pseaulme
23,
6):
en
quoy
il
proteste
qu'estant
a
son
aise
et
en
toutes
delices,
il
n'ha
rien
toutesfois
plus
precieux
que
d'estre
au
troupeau
des
fideles
pour
estre
conduict
[f.
45]
au
bien
souverain.
Notons
bien
doncques
que
David,
tant
en
ses
afflictions
qu'en
sa
prosperite,
a
eu
tousiours
ce
mesme
courage
de
iouir
de
ceste
liberte
que
Dieu
avoit
donnee
aux
enfans
d'Israel:
ce
qui
n'est
pas
petite
vertu.
Nous
en
verrons
d'aucuns,
lesquels
estans
pressez
de
maulx
et
d'angoisses,
se
souviendront
de
Dieu:
mais
si
tost
qu'ils
en
sont
sortis
et
qu'ils
se
trouvent
a
leur
aise,
il
n'en
est
plus
de
nouvelles.
Qui
pis
est,
ils
regimbent
contre
luy
comme
des
chevaulx
trop
grassement
nourris.
Les
autres
se
faschent
tellement
et
despitent
contre
Dieu
en
leur
adversite,
qu'ils
ne
peuvent
ouir
parler
de
luy.
David
est-il
abbatu
de
tant
de
povretez
qu'il
semble
que
ce
soit
la
plus
miserable
creature
du
monde?
tant
s'en
fault
que
la
tristesse
l'accable
pour
luy
faire
prendre
a
fascherie
et
desdaing
qu'on
luy
parle
de
Dieu,
que
c'est
le
seul
propos
ou
il
se
console:
mesmes
encores
qu'il
ne
puisse
penser
a
Dieu
qu'il
ne
se
lamente
d'estre
banni
de
son
Temple
et
forclos
de
l'usage
des
Sacremens
et
des
autres
exercices
de
la
foy,
si
est-ce
qu'il
n'ha
nul
plus
grand
plaisir
qu'a
regretter
un
tel
mal.
Est-il
au
dessus
de
tous
ses
affaires?
a-il
vaincu
ses
ennemis
pour
estre
paisible
en
son
royaume
et
redoubte
de
tous?
a-il
moyen
de
se
plonger
en
toutes
voluptez?
si
est-ce
qu'il
demeure
tousiours
ferme
en
ce
propos,
que
sa
vraye
felicite
est
d'avoir
acces
au
Temple
pour
participer
a
l'ordre
de
l'Eglise.
Parquoy
nous
voyons
qu'il
ne
proteste
pas
en
vain
d'avoir
demande
une
chose,
car
elle
luy
estoit
si
chere,
qu'il
eust
tousiours
quiete
le
reste
en
eschange.
Regardons
maintenant
qui
est
celuy
d'entre
nous
qui
ait
telle
discretion
que
David.
Ceulx
qui
se
contentent
du
bien
qu'ils
ont
entre
mains,
priseront-ils
la
liberte
de
povoir
invoquer
purement
le
nom
de
Dieu,
d'ouir
prescher
sa
parolle
et
user
des
Sacremens,
plus
que
leur
repos
domestique?
Il
y
en
a
bien
peu
qui
le
facent.
Plustost
la
graisse
les
endort
tellement,
qu'il
ne
leur
chault
que
de
faire
bonne
chere.
Brief,
le
monde
est
tel
qu'il
prisera
plus
une
auge
bien
farcie
de
viande
que
le
temple
do
Dieu.
Si
oh
parle
des
troubles
qui
peuvent
advenir,
chascun
craindra
bien
d'estre
fourrage
par
les
guerres,
de
souffrir
dommages,
molestes
et
ennuis.
Mais
de
perdre
la
predication
de
la
doctrine
de
salut,
le
pur
usage
des
Sacremens,
et
telles
aides
qui
sont
pour
nous
approcher
de
Dieu,
il
n'en
est
point
de
mention,
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