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41
LIVRE
III.
CHAPITRE
IL
42
dant
que
nous
regardons
en
Christ,
ils
confessent
bien
que
la
nous
trouvons
pleine
matiere
d'esperance:
mais
pource
que
nous
sommes
tousiours
indignes
des
biens
qui
nous
sont
offerts
en
Iesus
Christ,
ils
veulent
qu'au
regard
de
nostre
indignite
nous
chancellions
et
soyons
en
branle.
En
somme,
ils
mettent
tellement
la
conscience
entre
esperance
et
crainte,
que
maintenant
elle
encline
a
l'un,
maintenant
a
l'autre.
Davantage,
ils
conioignent
tellement
la
crainte
en
l'esperance,
que
la
premiere
esteigne
la
seconde,
quand
elle
est
en
son
regne:
et
que
la
seconde
face
le
semblable
a
son
tour.
Voila
comme
Satan,
quand
il
voit
que
par
mensonge
clair
et
ouvert1)
il
ne
peut
plus
destruire
la
certitude
de
la
foy,
s'efforce
en
cachette
et
comme
par
dessous
terre
la
ruiner.
Or
ie
vous
prie
quelle
sera
ceste
fiance,
laquelle
a
chacun
coup
sera
abbatue
par
desespoir?
Leur
fantasie
est,
qu'en
regardant
Christ
nous
sommes
certains
de
nostre
salut:
en
retournant
puis
a
nous,
que
nous
sommes
certains
de
nostre
damnation;
de
la
ils
concluent
que
la
fiance
et
le
desespoir
doyvent
regner
en
nos
coeurs
a
tour,
comme
si
nous
devions
concevoir
Iesus
Christ
estant
arriere
de
nous,2)
et
non
plustost
habitant
en
nous.
Car
ce
que
nous
esperons
salut
de
luy,
n'est
pas
pource
qu'il
nous
apparoisse
de
loin,
mais
pource
que
nous
ayant
unis
a
son
corps,
il
nous
fait
participans
non
seulement
de
tous
ses
biens,
mais
aussi
de
soy-mesme.
Pourtant
du
fondement
qu'ils
prennent
ie
deduiray
un
argument
tout
au
rebours,
qu'en
considerant
qui
nous
sommes,
nous
voyons
nostre
damnation
comme
a
l'oeil:
mais
entant
que
Iesus
Christ
nous
est
tellement
communique
avec
tous
ses
biens,
que
tout
ce
qu'il
a
est
fait
nostre,
que
nous
sommes
faits
ses
membres,
et
une
mesme
substance
avec
luy.
A
ceste
cause
sa
iustice
ensevelist
nos
pechez,
le
salut
qu'il
a
en
main
abolist
nostre
damnation:
il
be
met
au
devant
avec
sa
dignite,
pour
faire
que
nostre
indignite
n'apparoisse
point
devant
Dieu.
Et
de
fait
la
chose
est
telle,
que
nullement
nous
ne
devons
separer
Iesus
Christ
d'avec
nous,
mais
tenir
fort
et
ferme
l'union
de
laquelle
il
nous
a
conioints
a
soy;
ce
que
nous
enseigne
l'Apostre,
quand
il
dit
que
nostre
corps
est
bien
mort
a
cause
du
peche,
mais
que
l'Esprit
de
Iesus
Christ
qui
habite
en
nous,
est
vie
a
cause
do
sa
iustice
(Rom.
8,
10).
Selon
la
resverie
de
ces
gens
il
devoit
dire
ainsi:
Iesus
Christ
a
bien
la
vie
en
soy:
mais
nous,
entant
que
sommes
pecheurs,
demourons
aux
liens
de
damnation
et
de
mort.
Mais
il
parle
bien
autrement,
car
il
enseigne
que
la
damnation
que
nous
meritons
de
nous-mesmes,
par
le
1)
mensonge
clair
et
ouvert,
le
latin
porte:
apertas
machinas.
2)
arriere
de
nous,
le
latin
dit:
procul
stantem.
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