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41
LIVRE
I.
CHAPITRE
I.
42
et
moyenne
est
de
souveraine
blancheur,
pource
qu'il
y
est
ainsi
accoustumé.
Mesmes
on
peut
encores
discerner
de
plus
pres
par
les
sens
corporels,
combien
nous
sommes
abusez
en
estimant
les
forces
et
facultez
de
l'ame.
Car
si
nous
iettons
la
veue
en
bas
en
plein
iour,
ou
que
nous
regardions
à
l’entour
par
cy
par
là,
il
nous
semble
bien
que
nous
ayons
le
regard
le
plus
aigu
que
l’on
pourroit
penser:
mais
si
nous
levons
les
yeux
droit
pour
contempler
le
soleil,
ceste
grande
vivacité
qui
se
monstroit
en
terre
est
incontinent
esblouye,
et
du
tout
confuse
par
la
clarté
qui
la
surmonte:
tellement
que
nous
sommes
contraints
de
confesser
que
la
vigueur
que
nous
avons
à
considerer
les
choses
terrestres,
n'est
que
pure
tardiveté
et
eslourdissement
quand
il
est
question
d'aller
iusques
au
soleil.
Autant
en
advient-il
à
examiner
noz
biens
spirituels.
Car
ce
pendant
que
nous
ne
regardons
point
outre
la
terre,
en
nous
contentant
de
nostre
iustice,
sagesse
et
vertu,
nous
sommes
bien
aises
et
nous
baignons
à
nous
flater,
iusques
à
nous
priser
comme
demi
dieux.
Mais
si
nous
commençons
à
eslever
noz
pensées
à
Dieu,
et
bien
poiser
quel
il
est,
et
combien
la
perfection
de
sa
iustice,
sagesse
et
vertu,
à
laquelle
il
nous
faut
conformer,
est
exquise,
tantost
ce
qui
nous
venoit
fort
à
gré
sous
une
fausse
couverture
de
iustice,
nous
rendra
une
odeur
puante
d'iniquité:
ce
qui
nous
plaisoit
a
merveilles
sous
le
tiltre
de
sagesse,
ne
nous
sentira
que
follie:
et
ce
riens
que
choses
de
couleur
noire,
iuge
ce
qui
est
d'une
blancheur
obscure,
ou
bien
encores
à
demy
gris,
estre
le
plus
blanc
du
monde,
Il
se
pourra
encores
de
plus
prez
comprendre,
combien
nous
sommes
abusez
en
estimant
les
vertus
de
l’ame,
par
une
similitude
de
la
veuë
corporelle.
Car
si
nous
regardons
en
plein
iour
bas
en
terre:
ou
si
nous
contemplons
les
choses
qui
sont
à
lentour
de
nous:
il
nous
semble
bien
advis
que
nous
avons
la
veuë
tres
ferme
et
claire.
Mais
quand
nous
venons
à
eslever
les
yeulx
droict
au
soleil,
la
force,
laquelle
se
monstroit
en
la
terre,
est
confuse
et
esblouye
d'une
si
grande
lumiere:
tellement
que
nous
sommes
contraincts
de
confesser,
que
la
bonne
veuë
que
nous
avons
à
considerer
les
choses
terriennes,
est
bien
foible
et
debille
pour
regarder
le
soleil.
Ainsi
en
advient-il
en
reputant
noz
facultez
spirituelles.
Car
tant
que
nostre
contemplation
ne
passe
point
la
terre:
estant
tresbien
contens
de
nostre
propre
iustice,
saigesse
et
vertu,
nous
nous
flatons
et
aplaudissons,
et
peu
s'en
fault
que
nous
ne
nous
estimions
demy
Dieux:
mais
si
nous
dressons
une
fois
nostre
cogitation
au
Seigneur,
et
recongnoissons
quelle
est
la
perfection
de
sa
iustice,
sapience
et
vertu,
à
la
mesure
de
laquelle
il
nous
fault
reigler:
ce
qui
nous
plaisoit
au
paravant
soubz
couleur
de
iustice,
apparoistra
estre
souillé
de
tresgrande
iniquité:
ce
qui
nous
trompoit
merveilleusement
soubz
umbre
de
saigesse,
se
monstrera
estre
extreme
folye:
ce
qui
avoit
apparence
de
vertu,
se
declairera
estre
miserable
foiblesse,
tant
s'en
fault
que
mesmes
ce
qu'il
semble
advis
estre
tresparfaict
en
nous
responde
à
la
pureté
qui
est
en
Dieu.
[1541
p.
3;
1551
s.
§.
4.]
De
là
vient
l'horreur
et
estonnement
duquel
l'escriture
souvent
recite
que
les
fideles
ont
esté
frappez,
toutesfois
et
quantes
qu'ilz
sentoient
la
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