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SUR
LE
VI.
CHAP.
DE
DANIEL.
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quelque
edict
qui
soit
contre
Dieu,
ou
qu'on
ait
fait
quelque
deliberation,
il
faut
que
cela
tienne.
Et
pourquoy?
On
veut
despiter
Dieu
d'une
arrogance
plus
que
diabolique.
Apres,
les
meschans
ont
ils
fait
quelque
complot?
encores
qu'ils
ne
fussent
que
deux
ou
trois,
si
est
ce
qu'ils
en
viendront
a
bout,
ils
gaigneront
tout,
il
y
en
aura
deux
douzaines,
qui
se
devroient
opposer.
Si
on
leur
demande,
pourquoy
ne
resistes
vous
a.
cela?
ils
ne
scavent,
ils
seront
la,
comme
si
on
leur
avoit
couppe
la
gorge,
ou
qu'on
leur
eust
donne
un
coup
de
massue
sur
la
teste,
mais
la
faute
procede
de
ce
que
nous
avons
desia
touche,
c'est
a
scavoir
qu'ils
ne
sont
point
fortifies
de
l'esprit
de
Dieu,
duquel
toute
vertu
et
puissance
procede,
et
ce
pendant
ils
se
flattent
en
leurs
infirmites,
ils
voient
bien
qu'ils
n'ont
point
une
goutte
de
force,
mesmes
qu'ils
en
sont
destitues
du
tout,
et
ne
cerchent
point
le
remede:
ils
devroient
demander
a
Dieu,
qu'il
les
fortifiast,
qu'il
leur
donnast
un
esprit,
pour
bien
gouverner.
Comme
sainct
Paul
dit,
que
c'est
un
don
special,
que
cestui
ci,
et
ce
pendant,
iis
n'en
tiennent
compte.
Voila
donc
pourquoy
ils
sont
ainsi
abatus,
et
Dieu
les
met
en
opprobre,
comme
iis
en
sont
dignes.
Or
tant
y
ha
encores
que
telles
gens
sont
dignes
de
pitie,
comme
quand
nous
lisons
cette
histoire
du
roy
Darius.
Il
est
vray
que
d'un
coste
nous
voions
qu'il
est
bien
loing
de
faire
office
de
roy,
car
ii
devoit
maintenir
la
iustice
de
Daniel
et
sa
bonne
cause,
et
il
ordonne
qu'il
soit
iette
en
la
fosse
des
lions.
Il
y
ha
bien
donc
cause
de
le
condamner
en
cela,
mais
quand
nous
voions
qu'il
se
tourmente
ainsi
apres
Daniel,
qu'on
voit
qu'il
desire
que
Dieu
le
sauve,
quand
il
ne
peut
pas
le
sauver
de
son
coste,
qu'il
en
laisse
tous
ses
plaisirs,
voire
iusqu'au
boire
et
au
manger,
quand
nous
voions
donc
une
telle
tristesse
en
un
roy
payen,
il
est
certain
qu'il
nous
faut
connoistre,
qu'il
y
avoit
quelque
bonne
semence
en
luy,
que
Dieu
y
avoit
mise,
on
voit
qu'il
peche
par
infirmite.
Ainsi
en
est
il
de
ceux
qui
ne
sont
point
menes
d'une
certaine
malice,
mais
n'ont
point
la
constance
telle
qu'ils
devroient,
pour
resister
au
mal,
et
pour
se
mettre
la
au
devant,
et
dire
qu'ils
l'empescheront,
et
ce
que
i'ay
desia
touche
se
voit,
par
ce
qui
est
ici
dit,
Daniel,
le
Dieu
que
tu
sers
tousiours,
sera
celuy
qui
te
delivrera.
Il
est
vray
de
prime
face,
qu'on
pourroit
estimer,
que
cecy
fust
dit
par
moquerie.
Le
roy
Darius
fait
semblant
de
consoler
Daniel,
luy
disant,
Dieu
te
sauvera,
voire
et
c'est
luy
qui
l'envoie
a
la
fosse
des
lions.
C'est
comme
si
un
iuge
mettoit
un
pauvre
homme,
entre
les
mains
d'un
bourreau,
et
qu'il
dit,
Dieu
te
sauvera.
Quand
un
iuge
parleroit
ainsi
comment
prendroit
en
son
propos,
sinon
comme
un
blaspheme,
qu'il
abuseroit
du
nom
de
Dieu,
quand
il
ne
luy
suffisoit
Calvini
opera.
Vol.
XLI.
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