8:394 que nous scachions discerner entre la vraye religion et les abus ou follies des [f. 22] hommes, mais aussi que nous soyons bien persuadez de la vie celeste et de la couronne qui nous est promise la hault, apres que nous aurons combatu yci bas. Cependant notons que tous ces deux poincts sont requis, et qu'on ne doibt separer l'un d'avec l'autre. Il nous convient donc commencer par ce bout, de bien cognoistre quelle est nostre Chrestiente, quelle est la foy que nous avons a tenir et suyvre, quelle est la reigle que Dieu nous a donnee, et que nous soyons si bien munis de telle instruction, que nous puissions hardiment condamner toutes les faulsetez, erreurs et superstitions que satan a introduictes pro corrompre la pure simplicite de la doctrine de Dieu. Parquoy on ne se doibt esbahir si on ne voit auiourd'huy gueres de gens qui soyent disposez a souffrir pour l'Evangile, et que la plus part de ceulx qui se nomment Chrestiens, ne scachent que c'est. Car tous sont quasi nonchalans, et ne tiennent compte d'ouir ne de lire; mais ce leur est assez d'avoir eu quelque petit goust de la foy Chrestienne. Voyla pourquoy il y a bien peu d'arrest; et s'ils sont assaillis, ils se trouvent incontinent esperdus. Cela nous doibt inciter a nous enquerir plus diligemment de la verite de Dieu pour en estre bien certains. Mais encor n'est-ce pas le tout que nous soyons bien instruicts et entendus. Car on en voit qui semblent estre quasi du tout conficts en bonne doctrine, lesquels toutesfois n'ont nul zele ni affection en eulx, non plus que si iamais ils n'eussent rien cogneu de Dieu, sinon par quelque fantasie vollage. Et pourquoy cela, sinon d'autant qu'ils n'ont iamais comprins la maieste de l'Escripture saincte? Et de faict, si nous, tant que nous sommes, considerions bien que c'est Dieu qui parle a nous, il est tout certain que nous serions