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INSTITUTION
CHRESTIENNE.
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biens
qui
reside
en
Dieu
apparoist
tant
mieux:
singulierement
ceste
mal-heureuse
ruine
en
laquelle
nous
sommes
trebuschez
par
la
revolte
du
premier
homme,
nous
contraint
de
lever
les
yeux
en
haut,
non
seulement
pour
desirer
de
là
les
biens
qui
nous
defaillent,
comme
povres
gens
vuides
et
affamez,
mais
aussi
pour
estre
esveillez
de
crainte,
et
par
ce
moyen
apprendre
que
c'est
d'humilité.
Car
comme
on
trouve
en
l’homme
un
monde
de
toutes
miseres,
depuis
que
nous
avons
esté
despouillez
des
ornemens
du
ciel,
nostre
nudité
descouvre
avec
grand
honte
un
si
grand
tas
de
tout
opprobre,
que
nous
en
sommes
tous
confus:
d'autre
costé,
il
est
necessaire
que
la
conscience
nous
poigne
en
particulier
de
nostre
mal-heureté:
pour
approcher
au
moins
à
quelque
cognoissance
de
Dieu.
Parquoy
du
sentiment
de
nostre
ignorance,
vanité,
disette,
infirmité,
voire,
qui
plus
est,
perversité
et
corruption,
nous
sommes
induits
à
cognoistre
qu'il
n'y
a
nulle
part
ailleurs
qu'en
Dieu
vraye
clarté
de
sagesse,
ferme
vertu,
droite
affluence
de
tous
biens,
pureté
de
iustice,
tant
y
a1)
que
nous
sommes
esmeus
par
noz
miseres
à
considerer
les
biens
de
Dieu:
et
ne
pouvons
aspirer
et
tendre
à
luy
à
bon
escient,
qu'ayant
commencé
à
nous
desplaire
du
tout.
Car
qui
sera
l'homme
qui
ne
prenne
plaisir
à
se
reposer
en
soy,
et
mesmes
qui
de
fait
n'y
repose
pendant
qu'il
ne
se
cognoist
point:
assavoir
quand
il
se
glorifie
és
dons
de
Dieu,
comme
en
aprez
enflambe
en
nous
un
desir
de
chercher
Dieu
d'autant
qu'en
luy
repose
tout
nostre
bien:
duquel
nous
nous
trouvons
vuides
et
desnuez.
[1541
p.
1;
1551
s.
§.
2.]
Or
il
n'est
pas
facile
de
discerner
laquelle
des
deux
precede
et
produit
l'autre.
Car
veu
qu'il
se
trouve
un
monde
de
toute
misere
en
l'homme,
nous
ne
nous
pouvons
pas
droictement
regarder,
que
nous
ne
soions
touchez
et
poinctz
de
la
congnoissance
de
nostre
malheurté,
pour
incontinent
eslever
les
yeulx
à
Dieu,
et
venir
pour
le
moins
en
quelque
congnoissance
de
luy.
Ainsi
par
le
sentiment
de
nostre
petitesse,
rudesse,
vanité,
mesmes
aussi
perversité
et
corruption,
nous
recognoissons
que
la
vraie
grandeur,
sapience,
verité,
iustice,
et
pureté
gist
en
Dieu.
Finalement
nous
sommes
esmeuz
par
noz
miseres
à
considerer
les
biens
du
Seigneur,
et
ne
pouvons
pas
affectueusement
aspirer
à
luy,
devant
que
nous
aions
commencé
de
nous
desplaire
du
tout
en
nousmesmes.
Car
qui
est
celuy
des
hommes
qui
ne
reposast
voluntiers
en
soy?
mesmes,
qui
est
celuy
qui
n'y
repose
pour
le
temps
que
se
mescongnoissant
il
est
content
de
ses
propres
facultez
et
ne
voit
point
sa
calamité?
Pourquoy
un
chascun
de
nous
n'est
seulement
incité
à
chercher
Dieu
par
la
congnoissance
de
soymesme,
mais
est
conduict
et
quasi
mené
par
la
main
à
le
trouver.
[fn]
1)
Comparez
ici
le
§.
2
de
l'ancien
texte.
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