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SUR
LE
VI.
CHAP.
DE
DANIEL.
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Oestoit
une
chose
trop
conneue,
que
Daniel
avoit
accoustume
de
prier
Dieu
trois
fois
le
iour.
Cela
estoit
notoire
a
un
chascun,
s'il
eust
change
coustume
pour
obeir
au
Roy,
cela
estoit
une
espece
de
renoncement
de
Dieu.
Comme
s'il
eust
dit,
il
est
vray
que
iusques
ici
i'ay
prie
le
Dieu
d'Abraham,
mais
puis
que
cela
desplaist
au
Roy
Darius,
il
faut
que
ie
m'en
abstienne.
Il
eust
bien
prie
Dieu
en
secret,
mais
cependant
devant
les
hommes
il
eust
renonce
sa
foy.
Il
eust
donne
un
scandale
tel,
que
les
Iuifs
eussent
perdu
courage,
et
puis
on
se
fut
mocque
de
la
religion.
O!
voici
ces
gens
qui
faisoient
semblant
d'avoir
un
Dieu
separe
de
tous
les
autres,
d'avoir
un
zele
si
ardent
pour
l'adorer,
qu'ils
n'en
eussent
iamais
voulu
decliner.
Or
on
voit
maintenant
quelle
est
leur
religion.
Voila
le
principal,
qui
estoit
comme
le
capitaine
de
tous,
qui
toutesfois
ha
quitte
son
Dieu.
Voila
comme
les
infideles
eussent
fait
leur
triomphe,
si
Daniel
eust
fleschi,
et
qu'il
eust
perdu
courage,
pour
l'edict
du
Roy,
en
delaissant
sa
coutume
de
prier,
comme
nous
avons
dit.
Ainsi
donc
nous
voions
encores
plus
clairement,
comme
il
a
fallu
que
Daniel
usast
de
cette
liberte
ici,
qu'avec
son
oraison
il
fit
quant
et
quant
confession
de
sa
foy.
Car
le
vray
service
de
Dieu
consiste
en
ces
deux
parties,
c'est
que
la
verite
du
coeur
aille
devant,
et
puis
que
devant
les
hommes
nous
protestons
que
nous
avons
un
Dieu,
auquel
nous
voulons
faire
hommage
de
nos
corps,
aussi
bien
que
de
nos
esprits,
au
reste
sachons
que
ce
n'est
point
asses
de
connoistre
ce
que
Daniel
a
fait
en
cest
endroit,
mais
il
faut
que
nous
recueillons
une
admonition
generale
de
cest
exemple,
car
il
n'est
point
ici
amene,
a
fin
que
nous
sachions
qu'elle
a
este
la
coustume
de
Daniel,
mais
plustost
Dieu
nous
declare
en
ce
passage,
c'est
a
scavoir
que
s'il
permet
que
nous
soions
soubs
la
tirannie
des
infideles,
qui
nous
tourmentent,
qui
nous
persecutent
des
tourmens
griefs
et
insuportables,
qu'il
ne
faut
point
que
nous
fleschissions
pour
cela,
que
nostre
vie
ne
nous
doit
pas
estre
tant
precieuse,
que
nous
la
preferions
a
l'honneur
de
Dieu,
quand
il
sera
besoin.
Et
quand
est
ce
qu'il
y
aura
une
telle
necessite?
ce
sera
quand
on
nous
voudra
faire
rendre
raison
de
nostre
foy,
et
faire
confession
dicelle.
Il
faut
que
nous
allions
plustost
a
la
mort,
que
de
quitter
cette
liberte
que
Dieu
demande,
a
scavoir
que
nous
donnions
approbation
et
tesmoignage
de
nostre
foy,
devant
les
hommes.
Voila
ce
que
nous
avons
ici
a
observer
de
l'exemple
de
Daniel,
et
en
cela
voit
on
quelle
moquerie
c'est,
quand
auiourd'hui
beaucoup
de
cour
tisans,
qui
sont
pleins
d'orgueil
et
d'ambition,
se
voudront
neantmoins
excuser
quand
ils
se
contrefont,
et
qu'ils
renoncent
Dieu
en
abusant
de
ces
tesmoignages.
O!
Daniel
n'a
il
pas
bien
vescu
en
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