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QUATRE
SERMONS.
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crement
de
la
Cene,
ils
la
renoncent:
combien
qu'il
ne
se
fault
point
trop
esbahir
d'une
telle
inconstance:
car
[f.
15]
c'est
le
vray
payement
de
tous
eeulx
qui
ne
sont
point
fondez
en
la
verite
de
Dieu:
et
Dieu
se
venge
d'eulx,
faisant
qu'ils
soyent
tousiours
en
bransle,
et
qu'ils
se
contrarient
eulx-mesmes
en
ce
qu'ils
font.
Touchant
d'une
telle
Cene
fardee,
ie
scay
bien
qu'a
leur
fantasie,
on
leur
fait
un
grand
tort
de
la
reprouver.
Mais
qu'y
povons-nous,
puisqu'elle
ne
convient
point
a
la
reigle
du
Maistre?
Ie
ne
la
condamne
pas
pource
qu'elle
se
fait
en
cachette,
car
ie
scay
que
iamais
la
Cene
ne
s'est
mieulx
faicte
ne
plus
sainctement
que
quand
les
disciples
se
sont
retirez
en
secret
pour
la
faire,
a
cause
de
la
tyrannie
des
ennemis.
Mais
il
y
a
yci
deux
vices
insupportables:
l'un
est
que
ceulx
qui
bastissent
une
telle
cingerie
de
Cene
font
semblant
d'y
avoir
leur
Messe,
et
veulent
qu'on
le
pense
ainsi:
le
second
est
que
le
beau-pere
duquel
ils
la
recoyvent,
la
leur
donne,
non
pas
comme
Pasteur
Chrestien,
mais
en
qualite
de
prebstre
Papal.
Ils
pensent
avoir
bonnes
defenses
en
disant
que
leur
chanteur
de
Messe
n'ha
pas
intention
de
leur
faire
adorer
ni
le
pain
ni
le
vin,
qu'il
laisse
le
Canon
ou
sont
les
plus
grandes
impietez,
et
qu'il
donne
le
sacrement
a
toute
la
compaignie
soubs
les
deux
expeces.
Mais
quand
ce
viendra
devant
le
grand
Iuge,
ils
sentiront
ce
qu'ils
auront
gaigne
avecques
toutes
telles
couvertures.
Mesmes
ils
le
doibvent
desia
sentir,
et
ie
m'en
rapporte
aux
poinctes
et
picqueures
qu'ils
en
ont
en
leurs
consciences.
Et
c'est
la
ou
il
fault
que
ce
proces
se
vuyde:
car
sans
faire
plus
longues
enquestes,
ils
scavent
ce
qu'ils
pretendent
de
monstrer
tant
aux
ennemis
de
Dieu
qu'a
tout
le
commun
peuple.
Il
fauldroit
que
Dieu
se
renonceast
pour
approuver
un
acte
de
telle
profession.
Quand
tous
les
hommes
de
la
terre
auroyent
conspire
ensemble
pour
les
iustifier,
si
est-ce
que
le
plus
habile
d'eulx
ne
se
pourra
iamais
absouldre
qu'il
ne
cloche
des
deux
costez.
Or,
Dieu
a
declare
par
son
Prophete
(1
Rois
18,
21)
qu'on
ne
luy
fera
iamais
trouver
une
telle
clocheure
bonne.
Quant
a
l'homme
qu'ils
prennent
pour
ministre
de
leur
Cene,
c'est
une
mocquerie
de
le
vouloir
faire
capable
d'un
tel
office.
Voire,
mais
la
vertu
des
sacremens,
disent-ils,
ne
despend
point
de
la
dignite
des
personnes.
Ie
le
confesse,
et
di
plus
oultre,
que
si
un
diable
administre
la
Cene,
elle
n'en
sera
point
pire,
et
au
contraire,
si
un
Ange
chantoit
la
Messe,
qu'elle
n'en
vauldroit
rien
mieulx.
[f.
16]
Mais
nous
sommes
a
ceste
heure
sur
une
autre
question,
a
scavoir,
si
les
ordres
du
Pape
conferez
a
un
moine
le
rendent
idoine
a
faire
office
de
pasteur.
S'ils
replicquent
qu'ils
n'entendent
pas
que
cela
y
face
rien,
et
qu'ils
ne
le
choisissent
pas
en
telle
qualite,
la
chose
monstre
le
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